Les forces gouvernementales syriennes continuaient mardi leur avancée face aux groupes armés dans les quartiers d'Alep, en pénétrant dans le quartier stratégique de Massaken Hanano, dans le nord-est de cette ville, au moment où l'ONU s'alarme du nombre de personnes assiégées par les belligérants du conflit. Les forces gouvernementales ont avancé ces derniers jours dans la ville avec l'ambition de couper les liens entre les différents quartiers contrôlés par les groupes armés qui ont tenté en vain à deux reprises de briser le siège, selon les médias citant des sources militaires. Soutenues par d'intenses bombardements aériens, les troupes gouvernementales consolidaient leurs positions après être entrées la veille pour la première fois dans le quartier de Massaken Hanano, dans le nord-est d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Elles ont également chassé les groupes armés d'une ancienne zone industrielle dans le nord-est de la ville, et le gouvernement syrien est ainsi déterminé à reconquérir l'ensemble de la deuxième ville du pays et principal front de la guerre. Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "il s'agit de la plus importante percée" des forces gouvernementales "dans les quartiers rebelles jusqu'à ce jour" car la prise de Massaken Hanano lui permet d'"avoir en ligne de mire plusieurs autres zones rebelles" et "d'être en mesure de séparer celles du nord du reste". Le quotidien syrien "Al-Watan" a décrit ce quartier comme "le bastion le plus grand et le plus important" des groupes armés dans la ville. Selon le chef de la diplomatie syrienne, Walid al Mouallem, il y aurait entre 5.000 et 7.000 "hommes armés" qui "prennent en otages" les habitants de ces quartiers. --L'ONU s'alarme du nombre de personnes assiégées par les belligérants-- Dans ce contexte, le chef des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien, a estimé lundi que "près d'un million de Syriens sont aujourd'hui assiégés" par les belligérants du conflit en Syrie. S'adressant au Conseil de sécurité, il a constaté une "augmentation massive" depuis un an de l'utilisation de cette tactique, le nombre de personnes assiégées passant de 393.700 à 974.080. De nouvelles localités se sont ajoutées à la liste des zones qui ne sont plus ravitaillées ou secourues par les humanitaires, dont un quartier de Damas et "de nombreuses zones" dans la Ghouta orientale, qui entoure la capitale. Dans ces zones, a-t-il dit, les habitants "sont isolés, affamés, bombardés et privés d'aide médicale et d'assistance humanitaire afin de les forcer à se soumettre ou à fuir". "C'est une tactique délibérée (...) une forme cruelle de punition collective", a-t-il souligné. M. O'Brien a appelé une nouvelle fois à lever tous ces sièges mais a déploré que pour l'instant, le Conseil de sécurité de l'ONU soit "apparemment incapable ou réticent" à y mettre fin. Le Conseil de sécurité était réuni lundi pour débattre de la situation humanitaire préoccupante en Syrie et particulièrement à Alep-Est. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour sa part indiqué que la situation devient "intenable" à Alep-Est et il ne reste actuellement plus "aucun hôpital en service". La Syrie a récemment sévèrement condamné l'usage "par les groupes terroristes de gaz toxiques dans la ville d'Alep", appelant l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à enquêter. --La reprise d'Alep, une victoire éclatante au gouvernement (analystes)-- La vaste offensive lancée contre les quartiers rebelles d'Alep pourrait offrir, prédisent les analystes- une victoire éclatante au gouvernement syrien et à ses soutiens, notamment la Russie, au moment où les pays occidentaux semblent avoir échoué à trouver une solution au conflit syrien car depuis cinq ans, tous les pourparlers entre Américains et Russes, et tous les plans échafaudés par l'ONU n'ont pas abouti. D'après Karim Bitar, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), les pays occidentaux soutenant l'opposition syrienne ont sous-estimé l'opération aérienne lancée par l'aviation russe en soutien à l'armée syrienne à la demande de Damas, le 30 septembre 2015, pour anéantir les groupes terroristes en Syrie Et avec les Etats-Unis en pleine transition politique, "ni les Britanniques ni les Français ne peuvent faire grand-chose", selon l'expert. Pour les responsables militaires américains, ils sont "uniquement préoccupés" à combattre le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech), seule mission que l'administration Obama leur a donnée. Par ailleurs, les Etats-Unis viennent d'élire, avec Donald Trump, un président qui semble, selon les experts, tenté par une politique "moins hostile" envers le président syrien Bachar al-Assad. "Les discussions sur la Syrie entre Moscou et Trump ont déjà commencé", affirme Daniel L. Byman, de l'institut Brookings. L'émissaire du président russe Vladimir Poutine au Moyen-Orient et en Afrique, Mikhaïl Bogdanov a réaffirmé récemment, à l'issue d'un entretien avec l'ambassadeur de Syrie à Moscou, Ryad Haddad, que la Russie continuera d'aider la Syrie à lutter contre le terrorisme international. Moscou dit également soutenir une résolution politique de la crise syrienne conformément au droit international sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU. Ancienne capitale économique du pays, Alep est le principal front du conflit en Syrie, qui a fait plus de 300.000 morts, cinq millions de déplacés vers les pays voisins, et environ un million de réfugiés en Europe, depuis mars 2011.