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Royaume-Uni/UE : May veut un accord douanier entre les deux parties
Publié dans Le Maghreb le 19 - 01 - 2017

La Première ministre britannique Theresa May a annoncé mardi qu'elle voulait un accord douanier entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, qui pourrait passer par la conclusion d'un accord complètement nouveau ou intégrer des éléments d'accords existants.
"Je ne veux pas que le Royaume-Uni soit membre de la politique commerciale commune (de l'UE) et je ne veux pas que nous soyons liés aux tarifs extérieurs communs, ce sont des éléments de l'union douanière qui nous empêcheraient de conclure nos propres accords commerciaux avec d'autres pays. Mais je veux que nous ayons un accord douanier avec l'UE", a souligné Mme May lors d'un discours très attendu sur le Brexit. "Que ce soit un accord douanier complètement nouveau, que nous devenions membre associé de l'union douanière d'une certaine manière, ou que nous restions signataires de certains de ses aspects, je n'ai pas d'a priori", a précisé Mme May.
Elle a assuré avoir "un esprit ouvert" à ce sujet, ajoutant que l'objectif était "d'enlever autant de barrières que possible au commerce". A ce sujet, elle a souligné qu'elle voudrait conclure "un accord de libre-échange large et ambitieux avec l'Union européenne" qui lui permettrait d'avoir le meilleur accès possible au marché unique européen que le Royaume-Uni va quitter. "Je veux que le Royaume-Uni soit en capacité de fixer son propre objectif tarifaire à l'OMC, ce qui signifie que nous pourrions conclure des accords de libre-échange non seulement avec l'UE mais aussi avec nos amis et alliés hors d'Europe", a ajouté la Première ministre.
Au moins une annonce " plus réaliste"
En réaction au discours de la responsable britannique, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a qualifié mardi de "plus réaliste" que précédemment ce discours.
"Triste processus, des temps surréalistes mais au moins une annonce plus réaliste sur #Brexit", a commenté M. Tusk sur son compte Twitter, assurant que l'UE à 27 était "unie et prête à négocier" dès que l'article 50 du Traité de Lisbonne aura été déclenché. Dans son discours, Theresa May a défendu une rupture "claire et nette", hors du marché unique, et appelé à un "nouveau partenariat équitable" qui ne serait pas un statut de membre partiel ou associé de l'UE. De son côté, la Commission européenne a simplement indiqué qu'elle réagirait "aux positions et requêtes spécifiques du Royaume-Uni une fois que la procédure dite de l'article 50 sera lancée", selon son porte-parole Margaritis Schinas, interrogé lors d'une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg. Le président de l'exécutif européen a été "briefé avec intérêt" sur les déclarations de Mme May, a seulement précisé le porte-parole, qui a renvoyé à un discours de M. Juncker prévu mercredi devant les eurodéputés à Strasbourg. Le négociateur de la Commission européenne pour le Brexit, Michel Barnier, a pareillement estimé que "seule la notification (de l'article 50) peut lancer les négociations", dans un message sur Twitter.
"Un accord sur un départ ordonné est un pré-requis pour un futur partenariat. Ma priorité est d'obtenir le bon accord pour EU27 (les 27 Etats membres restants de l'UE, ndlr). #Brexit", a écrit en anglais le Français dans un autre tweet. Theresa May a aussi prôné mardi une "mise en œuvre par étapes" pour éviter "un changement trop brutal" à l'issue des négociations de sortie.
Celles-ci, qui ont deux ans pour aboutir, commenceront avec le déclenchement de la procédure dite de l'article 50 du Traité de Lisbonne, que Mme May a promis d'ici fin mars.
Selon une source proche du dossier l'équipe de négociation du Brexit côté UE a fait une première évaluation de la "facture de sortie" que devra acquitter Londres, "entre 55 et 60 milliards d'euros".
Ce montant, que le Royaume-Uni "va essayer de faire baisser", inclut notamment des engagements budgétaires pluriannuels des Britanniques, des "restes à liquider" et la participation de Londres au paiement des retraites des fonctionnaires européens.
Donald Tusk et Jean-Claude Juncker devaient chacun de leur côté s'entretenir par téléphone mardi après-midi avec la Britannique, "un appel de courtoisie", a précisé pour le second son porte-parole.
Une illusion créée
Pour l'eurodéputé Guy Verhofstadt le "référent Brexit" pour le Parlement européen, le discours de Theresa May a certes apporté un peu de "clarté", mais a aussi créé une "illusion". "L'illusion que l'on peut sortir du marché unique, sortir de l'Union douanière et que l'on peut choisir à la carte et toujours garder un certain nombre d'avantages", a expliqué M. Verhofstadt lors d'un point presse improvisé au Parlement.
"Nous n'accepterons jamais une situation dans laquelle il est préférable de se trouver en dehors de l'UE (...) plutôt que d'être membre de l'UE", a-t-il asséné.
"Enfin un peu de clarté"
Pour sa part, le ministre allemand des Affaires étrangères a jugé mardi que le Royaume-Uni avait "enfin apporté un peu de clarté" sur le Brexit après le discours de Theresa May soulignant que la sortie de l'Union européenne impliquait aussi celle du marché unique. "Nous saluons le fait que la Première ministre britannique a esquissé aujourd'hui la vision de la sortie (de l'UE) de son gouvernement et a enfin apporté un peu de clarté sur les plans britanniques", a dit Frank-Walter Steinmeier dans un communiqué. Il a appelé à "des relations aussi bonnes, étroites (...) que possible" une fois le Brexit formalisé. Mais le chef de la diplomatie allemande a dans le même temps rappelé la position de fond de Berlin et des autres pays de l'UE : "les négociations ne commenceront que lorsque la Grande-Bretagne aura officiellement fait part de son souhait de sortir" de l'UE. La dirigeante britannique a promis d'enclencher cette procédure fin mars, prélude à deux ans de négociations. Et M. Steinmeier a une nouvelle fois souligné que la mission des 27 Etats restants était de "renforcer la cohésion de l'Union européenne et de préserver l'intégrité du marché unique". L'UE a exclu de donner au Royaume-Uni un accès "à la carte" au marché commun, c'est-à-dire de permettre d'avoir en même temps la liberté de circulation des citoyens et un contrôle de l'immigration comme le souhaitent les partisans du Brexit.


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