Les réactions de la classe politique américaine sur le limogeage du chef du FBI, James Comey, étaient nombreuses mercredi, soulevant des questions sur l'intégrité du président Trump et les conséquences de sa décision. Le renvoi mardi soir de James Comey, sans préavis est un " tremblement de terre politique d'une ampleur rarement égalée dans l'histoire des Etats-Unis et dont les conséquences profondes demeurent incertaines", a commenté mercredi CNN. La décision du président américain Donald Trump de mettre fin aux fonctions du chef du FBI, en dépit du fait qu'il ait été nommé pour un mandat de dix années, n'est "pas conventionnelle" et porte un coup sérieux à sa propre viabilité, s'accordent à dire plusieurs analystes. Les critiques et les accusations fusaient de partout : le président a limogé un chef du FBI qui supervisait une enquête sur de présumés liens entre ses proches et la Russie dans le cadre de la campagne présidentielle de 2016. "Je pense que c'est profondément troublant pour notre démocratie", a déclaré David Gergen, l'analyste politique principal de CNN. "Trump peut ne pas vouloir cela, mais il donne l'impression de quelqu'un qui sent le danger devenir très proche", a-t-il dit. Il est question de savoir si la décision de Trump marque réellement une tentative délibérée de perturber l'enquête sur le piratage russe, ce qui pourrait constituer, selon plusieurs observateurs, "un abus de pouvoir". Alternativement, le licenciement de Comey intervenu sur recommandation du département de la Justice, semble aussi être une décision prise sans prévenance et sans l'examen des conséquences qui peuvent en découler, poussant de nombreux analystes à relever que l'administration Trump a commis "une négligence politique flagrante". Un comité indépendant ou un procureur spécial pour poursuivre l'enquête de Comey Pourtant Trump a soutenu l'action de Comey de rouvrir l'enquête sur les courriels de la candidate démocrate, Hillary Clinton, en plein campagne électorale et sa décision de le congédier mardi renforcent les suspicions sur la volonté du président Trump de mettre fin à l'affaire du piratage russe qui commence à prendre des proportions considérables. "C'est le sort de l'enquête du FBI elle-même qui doit être posé", a commenté l'analyste Stephen Collinson. Les critiques de cette décision émanent même du camp républicain. Le président de la commission du renseignement du Sénat, Richard Burr qui mène également une enquête sur l'interférence russe dans la campagne présidentielle de 2016, a déclaré mardi soir qu'il était "troublé par le timing et le raisonnement" du président Trump. "Le directeur Comey est un fonctionnaire de plus haut niveau, et son licenciement rend cette enquête confuse encore plus difficile pour la commission"", a indiqué Burr dans un communiqué. En parallèle, plusieurs élus républicains s'activent depuis l'annonce de cette décision pour convaincre leur camp d'endosser la nomination d'un procureur spécial ou d'un comité indépendant afin de poursuivre l'enquête enclenchée par James Comey. Le président de la Commission des services armés du Sénat, John McCain, et le président de la Commission des relations extérieures du Sénat, Bob Corker, mènent cet effort dans l'objectif de rallier les opposants à cette proposition comme le leader républicain du Sénat Mitch McConnell qui s'est fermement opposé à l'idée de soutenir la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur la présumée ingérence de la Russie dans la dernière campagne présidentielle. Corker, a déclaré que le timing de limogeage soulevait des questions, alors que McCain s'est dit "déçu" par la décision. "C'est la seule façon pour les Américains de pouvoir faire confiance aux résultats de l'enquête", a déclaré de son côté le sénateur démocrate Mark Warner. "C'est la seule façon pour cette administration de commencer à démontrer son engagement envers l'Etat de droit ", a-t-il ajouté dans un communiqué. Depuis le début de l'enquête sur l'ingérence présumée de Moscou dans l'élection présidentielle américaine, Comey a rencontré la Commission du renseignement du Sénat à plusieurs reprises. Il devait être entendu cette semaine par le Congrès dans le cadre d'une audition sur les menaces internationales.