LONDRES Les mosquées du Royaume-Uni devraient désigner des imams Britanniques à la place de "leaders religieux étrangers" pour permettre une "lutte plus efficace contre la radicalisation et l'extrémisme", a recommandé un rapport publié lundi. Le rapport établi après une enquête de 18 mois par le groupe Citizens UK, présidé par l'ancien député et procureur général sous le gouvernement de David Cameron, Dominic Grieve, a affirmé que des imams imprégnés de la culture britannique et maitrisant la langue anglaise, permettront de mieux faire face aux défis auxquels sont confrontés les musulmans du Royaume-Uni. "Il est très important que les imams britanniques, imprégnés de la culture britannique et qui parlent couramment l'anglais, soient encouragés et nommés à la place de ceux ramenés de l'étranger", insiste le rapport. Une formation spéciale devrait être dispensée pour les imams, suggère le document, qui note que de nombreux imams des mosquées britanniques sont nés et grandi à l'étranger. A rappeler, la mosquée de Finsbury Park, au nord de Londres, était dirigée durant les années 1990, par l'imam Mustafa Kamel Mustafa, le dénommé Abou Hamza El-Masri, originaire d'Egypte. Il avait était emprisonné en 2004 pour avoir prêché l'intégrisme et le terrorisme. L'objectif de l'enquête était de définir les moyens de permettre à la communauté musulmane britannique de mieux s'intégrer dans la société et de lutter contre la radicalisation. Elle estime que le moyen le plus efficace pour s'attaquer à l'extrémisme et à la radicalisation est d'établir un programme basé sur la confiance pour les communautés musulmanes du Royaume-Uni. Le rapport qualifie la relation entre le gouvernement de Londres et les communautés musulmanes comme "une relation brisée qui doit être améliorée, avec la participation des deux parties". Le gouvernement doit "revoir de manière urgente" sa façon de faire avec les communautés musulmanes, et élaborer une stratégie d'intégration, recommande le rapport de 76 pages. Il souligne par ailleurs, que le discours public présente souvent les musulmans comme un groupe "défavorisé" ou une "menace interne". "Permettre à la communauté de participer pleinement à la vie publique britannique pourrait contribuer à réduire les perceptions de la polarisation croissante au sein de la société britannique", selon le rapport. L'enquête a constaté le manque d'intégration des communautés musulmanes dans les zones de "privations élevées", ce qui nécessite d'aborder des obstacles tel que "le manque de possibilités économiques et de discrimination", recommande le rapport. Il est souligné néanmoins qu'une multitude de travaux communautaires positifs est réalisé par des musulmans britanniques au niveau local. "Dans certaines régions, les communautés musulmanes sont aussi engagées, sinon plus, que les britanniques de souche", souligne le rapport. Selon les chiffres officiels, plus de 200 musulmans sont représentés dans le gouvernement local britannique. La chambre des communes compte actuellement 15 députés d'origine musulmane. Le maire de Londres, Sadiq Khan, est également musulman. Les musulmans représentent 4,4% de la population du Royaume-Uni. Ils sont le groupe religieux minoritaire le plus important et à croissance rapide, selon le rapport. Parmi le 3,1 millions de musulmans britanniques, 47% sont nés au Royaume-Uni. Le pays compte 426 mosquées.