La diplomatie marocaine vient d'essuyer un nouvel échec à l'occasion de la réunion ministérielle sur le développement de l'Afrique (TICAD-VI), qui s'est tenue à Maputo du 23 au 25 août 2017 grâce à la mobilisation des pays africains face à l'attitude "inconvenante" perçue comme "irrespectueuse" de la délégation marocaine, selon des diplomates présents à la réunion. En effet, le Maroc s'est efforcé, avec l'aide du Japon, co-organisateur de la réunion de la TICAD, d'empêcher, par tous les moyens, la participation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à cette réunion. Face à ces manœuvres visant à exclure un membre de l'organisation panafricaine d'une participation à cette réunion ministérielle, les pays africains se sont mobilisés pour réaffirmer "leur engagement et leur respect scrupuleux" des décisions de l'Union africaine et rappeler le droit légitime de la RASD, en sa qualité de membre à part entière et fondateur de l'UA, de prendre part à toutes les réunions, activités et évènements organisés dans le cadre des partenariats conformément à la décision 877 adoptée par l'Assemblée des Chef d'Etat et de Gouvernement de l'UA en janvier 2015 et la décision 942 de janvier 2017, relève la même source. Les pays africains ont, ainsi, tenu à souligner, de manière unanime, que les décisions tout comme les principes qui gouvernent l'UA ne sauraient, en aucun cas, être négociables ou matière à compromis. La solidarité active est la fermeté dont ont fait preuve les pays africains, ont été payantes dans la mesure où le Japon a finalement cédé aux exigences de l'Afrique et accepté la participation de la RASD à la réunion ministérielle. Cette acceptation est intervenue après que le Japon ait réalisé que faute d'un respect de la décision des Chefs d'Etat de l'UA, la réunion de la TICAD n'avait aucune chance de se tenir. Forte d'une quinzaine de personnes et dirigée par son ministre des Affaires étrangères, la délégation marocaine n'a pourtant épargné aucun effort pour empêcher la délégation sahraouie de prendre part à la réunion allant jusqu'à recourir à des actes d'agression physique contre les membres de cette délégation. La délégation marocaine a poussé l'outrecuidance jusqu'à vouloir s'attribuer des pouvoirs de police sur le sol mozambicain, et ce contrairement à tous les usages, allant jusqu'à empêcher le ministre mozambicain des Affaires étrangères d'accéder à la salle de conférences lorsque ce dernier a voulu accompagner personnellement la délégation sahraouie, conformément à l'accord intervenu entre l'UA, le ministre japonais et les autorités du pays hôte. Ce comportement a irrité au plus haut point le ministre mozambicain qui a intimé l'ordre à ses services de sécurité d'expulser de force les membres de la délégation marocaine et d'interdire à son tour à cette dernière l'accès à la salle de Conférence. Le ministre marocain des Affaires étrangères s'est retrouvé dans la situation indécente de négocier lui-même son entrée dans la salle avec des éléments des services de sécurité mozambicains. Une fois dans la salle, et faisant preuve d'un grand désarroi et de désinvolture, M. Bourita a alors cherché à perturber la cérémonie d'ouverture, qui se déroulait en présence du Président mozambicain, en agitant vainement sa pancarte dans l'espoir d'obtenir un point d'ordre. Le ministre mozambicain lui a signifié une fin de non-recevoir sèche et sans équivoque par un geste que toute la salle a remarqué. Seul et sans délégation, le MAE marocain a dû se résigner à attendre la fin de la cérémonie d'ouverture pour quitter définitivement la salle sans y avoir pris la parole et laissant le siège du Maroc vide pour le reste de la réunion. L'attitude "inconvenante" du MAE marocain, perçue comme "irrespectueuse" à l'égard du pays hôte et de son Président, a été désapprouvée par l'ensemble des délégations, y compris celles réputées favorables au Maroc qui ont déploré cette attitude inadmissible, souligne-t-on de même source. Lors de la conférence de presse qui a sanctionné les travaux de cette réunion, tenue conjointement avec son homologue japonais, le MAE mozambicain a déclaré, en réponse à une question sur ses incidents, que "certains n'ayant pas compris que ce n'est pas le lieu ici de régler des problèmes politiques, ont cru devoir recourir à la violence à cet effet pensant à tort que le Mozambique était une république bananière et prenant, ce faisant, le risque de compromettre la réunion". La participation d'une délégation sahraouie, pour la première fois, à une réunion de partenariat qui regroupe, au-delà du Japon, plusieurs pays dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France, la Thaïlande, l'Indonésie, ainsi que de nombreuses organisations régionales et internationales comme l'Union européenne, les Nations unies, la Banque mondiale, le PNUD et le FMI, constitue une "grande victoire" pour la RASD, estiment ces mêmes diplomates qui considèrent qu'une telle participation constitue "une consécration de la lutte du peuple sahraoui et une affirmation de son droit légitime à prendre part à l'ensemble des activités de l'UA au même titre que tous les Etats africains".