Des oeuvres de plusieurs artistes algériens représentant des facettes de la culture et des traditions du terroir sont exposées vendredi, et pour six semaines à Londres dans le cadre de l'événement "Pop Art From North Africa" (Pop Art d'Afrique du nord). Sofiane Si Merabet, Amel Benaoudia, Meriem Mahraoua, Walid Bouchouchi et El Moustach, prennent part à une exposition collective consacrée à l'art nord-africain, à laquelle participent également une quinzaine d'artistes tunisiens, libyens, marocains et égyptiens, certains vivant en Europe. Organisée par la galerie d'art "P21 Gallery" en collaboration avec "The Arab British Centre", l'exposition est la première à Londres dédiée à la culture et l'art de l'Afrique du Nord. On y trouve arabesques, artisanat, peinture murale, symboles, images, films et musique, représentant la diversité du patrimoine culturel de la région, mais aussi des réalités sociales propres aux Nord-africains, avec une touche moderne et une manipulation numérique, inspirée par le mouvement Pop Art (art populaire), fusionnant tradition et modernité. Même si la similitude des symboliques, des coutumes et des traditions de la région est visible, les spécificités de chaque pays sont perceptibles dans chaque oeuvre exposée. L'initiateur, directeur de cette exposition, l'algérien Toufik Douib, a déclaré à l'APS qu'à travers cette manifestation artistique, "c'est la relation entre le traditionnel et la modernité, engendrée notamment par le développement technologique, qui est mise en exergue dans les oeuvres artistiques nord africaines présentées". L'exposition veut montrer "ce que les jeunes artistes nord-africains puisent de leurs références et identités, en ces temps modernes", note-t-il, relevant combien la diaspora fait partie du paysage artistique et combien il est intéressant de voir comment elle apporte "une touche de nostalgie moderne à la culture de son pays". Le public britannique ne connaît pas la culture diversifiée de l'Afrique du Nord, l'exposition est une occasion de la lui faire découvrir, avec parallèlement, un programme d'ateliers, de débat et d'animation, explique Toufik Douib. Il estime également, important de montrer à l'occident, un aspect moderne, et une image "positive" d'un Nord Afrique "uni" dans un contexte de défis géopolitiques auxquels fait face la région. L'artiste Sofiane Si Merabet, initiateur d'une plateforme digitale surnommée "l'arabe confus" (confused arab) sur "le futur de la nostalgie et les identités arabes", participe à l'exposition avec "le Hammam de demain" comme un "endroit symbolique et un lien entre le passé et le futur". Son choix pour le "hammam" est motivé par ce que cet endroit représentait en tant que "carrefour et lieu de rencontres qui a fait beaucoup fantasmé les orientalistes, mais qui est aujourd'hui critiqué par les intégristes, et a disparu dans certains pays". Outre son "hammam", presque réel, qu'il a reconstitué, un film retraçant l'évolution des identités arabes, à travers la diaspora algérienne de Barbes (Paris) et d'Edgware Road (Londres), est diffusé pour le public. Pour sa part, l'artiste Amel Benaoudia qui a réalisé trois oeuvres graphiques pour l'exposition sur la conception du "futur de la nostalgie", dit avoir travaillé sur d'anciennes photos de famille, pour se rendre compte que finalement, les souvenirs de famille sont partagés par l'ensemble de la population et deviennent la mémoire collective. Myriam Mehraoua, artiste peintre, a quant à elle, travaillé sur les motifs qui reflètent une partie du patrimoine culturel algérien avec une vision innovée, qu'elle dit vouloir partager avec le public britannique. Rencontré parmi le nombreux public venu admirer les oeuvres artistiques, l'ancien directeur de British Council Algérie, Martyn Daltry, a estimé que c'était "une belle exposition" et une intéressante opportunité" pour découvrir des artistes nord africains, et faire connaître aux Londoniens la culture, les traditions, l'histoire et les couleurs de cette région.