Des associations marocaines de défense des droits de l'homme ont épinglé, lundi au siège du Parlement européen à Bruxelles, les autorités marocaines sur la répression du mouvement de contestation populaire et pacifique dans la région du Rif, les accusant de "violations graves " des droits de l'homme. Selon les représentants de ces associations, qui s'exprimaient lors d'un colloque sur le mouvement de protestations et de revendications (Hirak) du Rif au Parlement européen, le recours excessif à la force contre ce mouvement de protestation pacifique qui a exprimé des doléances "justes et légitimes" a abouti à des "violations graves des droits de l'homme". Le président de l'Association de Défense des Droits de l'Homme au Maroc (ASDHOM), Said Fawzi a dénoncé, à ce titre, l'utilisation excessive de la violence, les arrestations arbitraires et les poursuites judiciaires, la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants subis par les manifestants de la part des policiers, s'insurgeant contre "la militarisation accrue de la région". Pour ce militant des droits de l'homme, la situation que connait la région du Rif découle principalement des violations qui ont concerné les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de la population locale, rejetant les accusations "fallacieuses" du Premier ministre marocain qui a accusé la région de "séparatisme". La représentante de la Coordination maghrébine des organisations des droits humains (CMODH), Khadija Ryadi a soutenu que "le Rif a connu des violations graves des droits humains", s'inquiétant de "la dégradation alarmante" des droits de l'homme dans cette région. "il y a pire qu'une dictature, c'est l'illusion d'une démocratie" Pour Jamal EL KHATTABI, enseignant chercheur à Lille et membre du comité Mohcine FIKRI à Lille, "il y a pire qu'une dictature, c'est l'illusion d'une démocratie", dénonçant l'incarcération de mineurs et la répression qui s'est abattue sur les manifestants du "Hirak", faisant état d'arrestations "abusives" et de "cas de tortures". Dans un témoignage lu en son nom par un des participants au colloque, Salima Ziani dite Sylia, une des figures emblématiques du mouvement "Hirak", a dénoncé "la pression psychologique" exercée sur elle lors de son arrestation, affirmant avoir signé un procès verbal "sous la menace" et avoir été placée en isolement. Le représentant de l'association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), Mohamed Ouachekradi a affirmé, pour sa part, que "le Maroc est en danger", estimant qu' "il y a véritbale défaut d'Etat". Il a dénoncé, dans ce contexte, le discours du roi qui a "légitimé et conforté" les forces de l'ordre dans leur politique de répression. L'eurodéputée Marie-Christine Vergiat qui a initié le colloque a regretté, pour sa part, la réponse apportée par les autorités marocaines au mouvement de protestation pacifique dans le Rif, soulignant que les ONG et les organisations marocaines de défense des droits de l'homme sont toutes unanimes dans leurs rapports sur la situation dans la région du Rif. "Dans leurs rapports, elles parlent toutes de répression violente, d'arrestations arbitraires et d'actes de torture", a-t-elle affirmé, relevant, toutefois, que "la pratique de la torture au Maroc n'est pas nouvelle". Elle a affirmé, à ce titre, que si le Maroc interdit l'accès à la région aux ONG, c'est parce qu'il a quelque chose à se reprocher.