Le niveau des dépenses militaires dans le monde est supérieur à ce qu'il était du temps de la guerre froide, a indiqué le chercheur Pascale Boniface dans une analyse sur les nouvelles cartes du jeu international. "L'on assiste aujourd'hui au niveau mondial à une nouvelle course aux armements au-delà de toute rationalité", a fait observer le directeur et fondateur de l'Institut de relations internationales et stratégiques dans son introduction de l'annuaire "l'Année stratégique 2018 : analyse des enjeux internationaux", qui vient d'être édité. Il a rappelé qu'au cours de sa visite en Arabie Saoudite, en mai 2017, le président américain Donald Trump avait signé avec le royaume des contrats de vente d'armes pour un montant de 110 milliards de dollars, ce qui place ce pays, en matière de budget (57 milliards de dollars), le troisième au monde devant le Royaume-Uni (52) et la Russie (52). Dans la région du Moyen-Orient, les montants des budgets en armements s'élèvent à 16 milliards pour l'Iran, 18 milliards pour l'Irak, 9 milliards pour le Sultanat d'Oman, 16 milliards pour Israël et 20 milliards pour les Emirats arabes unis. Ce qui conduit Pascale Boniface à prévenir de "cercle vicieux" qui va en résulter d'une nouvelle course aux armements et une montée de tensions dans la région. Donald Trump avait annoncé mars dernier l'augmentation des dépenses militaires américaines, actuellement de 600 milliards de dollars, de 9 % soit de 54 milliards de dollars, a-t-il rappelé, faisant observer que cette course aux armements a également lieu en Asie. "L'augmentation continue des dépenses militaires chinoises suscite, par réaction, une hausse de celles du Japon et des autres pays de la région", a-t-il indiqué, rappelant que pendant très longtemps, à la suite de la Seconde guerre mondiale, Tokyo a limité ses dépenses militaires à 1% du PIB, limitation aujourd'hui remise en cause. Dans un autre chapitre, le géopolitologue Jean-Pierre Maulny a indiqué que les stratégies militaires et politiques de défense "n'ont jamais été aussi incertaines qu'en 2017", avouant qu'il est difficile, d'un côté, de cerner le rôle que jouera, au sein de l'Atlantique, la puissance militaire américaine sous la présidence de Donald Trump. "De l'autre, le débat sur les 2 % de PIB consacrés aux dépenses militaires charrie en réalité une multitude de questions dont les enjeux sont très différents et ne permettent pas de donner une consistance réelle à ce que pourrait être la politique de défense e l'Union européenne" , a-t-il expliqué. Le géopolitologue a estimé que même s'il est possible de prédire, quelques mois après l'élection de Trump, que les Etats-Unis sera "plus forte militairement et plus unilatéraliste, personne ne peut dire aujourd'hui quel usage politique sera fait de la force militaire américaine".