Donald Trump est officiellement devenu, hier, le 45e Président des Etats-Unis. Son programme économique est bien différent de celui proposé par sa rivale démocrate, Hillary Clinton. Pendant sa campagne, Donald Trump a prôné une Amérique protectionniste et pro-énergie fossile et une réduction drastique des impôts pour les entreprises. Donald Trump est officiellement devenu, hier, le 45e Président des Etats-Unis. Son programme économique est bien différent de celui proposé par sa rivale démocrate, Hillary Clinton. Pendant sa campagne, Donald Trump a prôné une Amérique protectionniste et pro-énergie fossile et une réduction drastique des impôts pour les entreprises. Trump propose ainsi une réforme radicale de la fiscalité des entreprises américaines. L'impôt sur les sociétés devrait être baissé de 35% actuellement à 15%. La plupart des niches fiscales devraient aussi être supprimées et une taxe créée sur les profits réalisés à l'étranger. Pour les particuliers, l'impôt sur les successions devrait être supprimé et les impôts sur les plus-values et les gains de capital réduit. Au total, la facture fiscale des entreprises baisserait de 3 000 milliards de dollars sur dix ans, soit 1,6 point du PIB. Tout en réduisant drastiquement les impôts, le futur Président américain compte équilibrer le budget des Etats-Unis. Pour le financer, Donald Trump propose le «penny plan» : réduire de 1% chaque année le budget fédéral. Donald Trump est aussi un pro-énergie fossile, une position traditionnelle pour le parti républicain. Son premier engagement est de suspendre l'Accord de Paris et tous les financements aux programmes des Nations unies sur le réchauffement climatique. Trump entend assouplir la réglementation qui pèse sur l'extraction d'hydrocarbures aux Etats-Unis, y compris en autorisant les forages dans l'Arctique. Il compte aussi donner son feu vert à Keystone XL, le pipeline géant qui doit acheminer le pétrole issu des sables bitumineux canadiens vers le sud des Etats-Unis. Il est aussi favorable au maintien des mines de charbon en activité. Sur le plan commerce extérieur, le point clef de son programme, Donald Trump, à l'inverse cette fois de la tradition et de l'establisment du parti républicain, est opposé à la ratification du trans-pacific partnership, dont la négociation est achevée depuis deux ans. Il veut augmenter les droits de douane sur la Chine et le Mexique et a répété son intention de renégocier les principaux accords commerciaux des Etats-Unis, y compris l'Alena qui le lie au Canada et au Mexique. Concernant sa politique monétaire, Donald Trump s'opposerait à la prolongation du mandat de Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale qui arrive à son terme en février 2018, et ce, pour lui préférer un candidat plus en phase avec son programme. En outre, Donald Trump souhaite investir davantage dans les infrastructures américaines. De nombreux économistes et hommes d'affaires s'inquiètent des retombées du programme de Donald Trump. Si les propositions de Trump étaient appliquées, notamment les réductions d'impôts et la renégociation, voire l'abandon des traités commerciaux, elles pourraient peut-être doper l'économie à court terme, selon certains experts. Mais à long terme, son protectionnisme déprimerait les exports et renchérirait le prix des biens consommés aux Etats-Unis, tandis que les réductions fiscales creuseraient le déficit. De quoi, selon certains économistes, engendrer une nouvelle récession. Abondant dans le même sens, Bruno Colmant, chef économiste à la Banque Degroof Petercam pense qu'à court terme, le programme de Donald Trump, peut entraîner un peu de croissance. Mais pas à long terme. Les effets seront alors plus négatifs. S'il met en place les barrières douanières, comme il l'a annoncé, la Chine, selon lui, risque de réagir en dévaluant son yuan. «On entrera alors dans une guerre des monnaies qui sera nuisible à l'économie mondiale avec des dévaluations en cascade qui ont pour conséquence une mauvaise inflation», explique M. Bruno. Mais, selon lui, pour que les mesures de Trump passent, il faudrait que le Sénat les approuve et que les Etats-Unis changent de ligne à l'OMC (Organisation mondiale du commerce). «Ce n'est pas impossible», selon lui. D'ailleurs, au Congrès, on ne devrait pas voir de paralysie. Mabrouk Chetouane, directeur de la recherche et de la stratégie de BFT Investment managers, retient lui du programme de Trump, le volet fiscal «très agressif» et une hausse des dépenses dans l'infrastructure, «ce qui est sûrement la seule mesure de bon sens», selon lui. À court terme, de l'avis de M. Chetouane, «cela pourrait avoir un effet bénéfique sur la croissance». Mais le problème, ajoute t-il, c'est que la baisse des impôts ne sera pas compensée par une hausse de l'activité. Le ratio dette sur PIB (Produit intérieur brut) risque d'exploser. Par ailleurs, d'un point de vue commercial, la mise en place de barrières douanières entraînera des mesures de rétorsion ce qui risque d'être très dangereux pour les Etats-Unis et pour le commerce international. Toutefois, on ne connaît pas les marges de manœuvres de Trump. Il devra composer avec le Congrès qui pourrait ne pas laisser passer quelques mesures, notamment celles qui aboutiront à une explosion de la dette, pense cet expert. La victoire de Trump a bouleversé les marchés financiers. Les places boursières asiatiques ont notamment accusé le coup assez nettement. Le prix du baril de pétrole a chuté sous les 45 dollars, hier à l'ouverture, dans une réaction qui rappelle celle qui a suivi le Brexit au mois de juin. Aux alentours de 9h, hier matin, lorsque la victoire de Trump se précisait, le Brent (référence pour le pétrole algérien) avait chuté de 47 centimes pour atteindre 45,57 dollars le baril, après avoir touché un plus bas de 44,38 dollars le baril. Les cours n'avaient plus enregistré une telle faiblesse depuis le 11 août dernier, selon Reuters. Dans le même temps, les prix de l'or et du yen japonais ont bondi. Les investisseurs internationaux se sont également empressés de vendre leurs dollars, la monnaie américaine leur apparaissant désormais comme un «morceau de papier vert émis par un gouvernement en proie à l'insurrection», selon le New York Times. B. A.