Le nombre de femmes placées en tête de listes des partis dans la course aux locales prévues le 23 novembre prochain reste faible, selon des partis et des spécialistes qui avancent divers arguments pour expliquer cette situation. Les partis en lice pour les prochaines locales sont tenus de se conformer à la loi organique de 2012 qui impose un quota de 30% de femmes, cependant leur positionnement dans les listes diffère d'une formation politique à une autre, d'un lieu et un autre de candidature, comme il reste lié à d'autres considérations. Au Rassemblement national démocratique (RND), cinq listes sont conduites par des femmes. Seules "5 têtes de listes femmes se sont présentées pour le renouvellement des APC, au moment où le parti compte 25.000 militantes", avait déploré le secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia. "Comme toute la société et la classe politique algérienne, il existe un peu de misogynie que nous surmontons graduellement. Je reproche à mes collègues de n'avoir pas fait plus", avait déclaré récemment M. Ouyahia. Au Front des forces socialistes (FFS), quatre listes sont menées par des femmes (APW d'Alger et d'Oum El Bouagui) et APC (Bejaia et Tizi Ouzou). "C'est une participation minime", a reconnu le chargé de la communication du parti, M. Hassan Ferli, qui a affirmé qu'il restait beaucoup de travail à faire pour inciter les femmes à se porter candidates aux élections locales. "C'est difficile de trouver dans la société algérienne des femmes qui veulent se porter candidates dans les locales", a-t-il déclaré à l'APS. Toutefois, il a souligné que les femmes étaient bien positionnées dans les listes du FFS. Du côté du parti des travailleurs (PT), le nombre de femmes têtes de liste ne dépasse pas trois postulantes (APW d'Oran et deux APC d'Alger), a-t-on appris auprès de Ramdhane Taazibt, cadre du parti. Selon lui, les contraintes liées à la gestion des APC notamment en matière d'insécurité et la difficulté de gérer la colère des citoyens découragent les femmes à prendre les commandes d'une APC. Toutefois, il a souligné que son parti a appliqué la parité entre homme et femme dans l'élaboration des listes au niveau des APW. Au parti de Talaiou Houriyat, le chargé de communication, Faycal Hardi a cité l'exemple d'une femme tête de liste de sa formation politique pour l'APC d'El Biar (Alger). Il a expliqué l'absence d'un nombre important de femmes têtes de listes par un "désintérêt et une démission" de la part des femmes pour l'activité politique en général à cause notamment de l'absence d'un environnement adéquat. Au Front de libération nationale (FLN), son secrétaire général, Djamel Ould Abbès avait indiqué que "40 femmes membres du Comité central du parti se sont portées candidates" aux locales. Il avait également affirmé que sa formation "a respecté le quota légal consacré à la femme, dépassé dans certaines wilayas". Faible intérêt des femmes pour la politique - Les spécialistes sont divergents sur la question de la représentativité des femmes dans les listes électorales aux prochaines locales. Ainsi, selon le sociologue, Nacer Djabi, malgré le système de quotas, "les formations politiques continuent de tourner le dos à la société et les transformations qu'a connue celle-ci, à savoir le niveau supérieur des femmes en matière d'études ainsi que leur rang professionnel". Cet universitaire, qui estime "très faible" le nombre de femmes s'intéressant à la politique, relève que certains partis craignent la concurrence des femmes vu leurs compétences. Il a également souligné l'aspect relatif à la proximité qui caractérise les locales et qui pousse les familles à refuser la candidature de leurs filles dans ce genre d'élections. M. Khalfan Karim, professeur en sciences politiques estime quant à lui que la participation des femmes à la course aux élections locales connaît une "amélioration et un développement". Cette participation confirme selon lui, la présence des femmes dans la vie politique et leurs ambitions personnelles. Il a, d'autre part, relevé la présence des femmes au sein des listes indépendantes, reconnaissant que leur présence en têtes de liste reste "minime". Pour ce professeur, le débat sur "le rejet par la société de la candidature de la femme est dépassé", soulignant que cette candidature dépend désormais de leur volonté. Les femmes, rappelle-t-on, représentent 18% des 165.000 candidats aux 1.541 assemblées communales et 28% des 16.000 candidats aux 48 assemblées de wilaya, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales. Grace à l'application de la loi organique du 12 janvier 2012, qui détermine les modalités de l'élargissement de la représentation de la femme dans les Assemblées élues, les taux réalisés lors des élections d'Assemblées communales en 2012 , étaient estimés à 16.56% soit 4.119 femmes contre 0.76% en 2007 et de 29.69% soit 595 femmes élues contre 6.89% en 2007, pour les APW.