Le dossier des crânes de résistants algériens est venu réveiller la "séquence sanglante" de la colonisation française, a affirmé mercredi à Paris, l'historien Benjamin Stora qualifiant la question mémorielle entre la France et l'Algérie de "très lourde". "La question des crânes de résistants algériens, détenus au Musée de l'homme de Paris depuis près de deux siècles, est venue réveiller cette séquence sanglante de la colonisation et de cette guerre de conquête poursuivie 20 ans après le Traité de la Tafna, signé par l'Emir Abdelkader en 1837", a-t-il expliqué dans une intervention au colloque organisé par l'association "Espace national Histoire et Mémoires Guerre d'Algérie" (ENHMGA), intitulé "Guerre d'Algérie : l'histoire, les mémoires". L'intervention de Benjamin Stora, ayant pour thème "Les mémoires blessées de la guerre d'Algérie", a tenté d'apporter des réponses à la problématique de l'apaisement des mémoires entre les deux pays, malgré, 60 ans après, la publication d'une multitude d'études et de recherches. Toutefois, il a reconnu que malgré cette difficulté, la coopération entre les deux pays sur la question mémorielle est "importante", tenant pour preuve les dernières annonces du président français Emmanuel Macron, faites à Alger lors de sa visite, au sujet de l'accord favorable de son pays pour restituer à l'Algérie les crânes des 36 résistants algériens et donner les copies des archives d'avant 1962. Le colloque organisé par l'ENHMGA, est le deuxième du genre en l'espace de deux mois, dans le cadre du programme de l'association pour faire connaître aux Français la réelle histoire de la guerre de libération nationale et de la colonisation française. Le premier sur "La guerre d'Algérie au cinéma" tenu en octobre dernier, a mis en relief le problème de la censure en France sur la guerre qui a continué même après l'indépendance de l'Algérie.