L'Iran est le théâtre depuis cinq jours de violentes protestations contre les difficultés économiques, au moment où les autorités accusent des "contre-révolutionnaires" armés ou des "fauteurs de troubles" de s'infiltrer parmi les manifestants, mettant en garde contre le désordre. Depuis cinq jours, des manifestations antigouvernementales émaillées de violences ont éclaté dans certaines grandes villes iraniennes. A Téhéran et dans plusieurs autres villes, des manifestants avaient attaqué et parfoisincendié des bâtiments publics, des centres religieux, des banques et des voitures de police. Au total, 21 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations notamment contre le chomage, l'inflation et la corruption, qui ont débuté jeudi à Machhad, deuxième ville du pays (nord-est). Neuf personnes ont été tuées dans la nuit de lundi à mardi dans plusieurs villes de la province d'Ispahan (centre) en Iran lors d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants. Pointant du doigt une "petite minorité" d'agitateurs, le président Rohani a affirmé lundi la détermination du gouvernement à "régler les problèmes de la population", en particulier le chômage. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'exprimant pour la première fois depuis le début de la contestation, a indiqué mardi à la télévision d'Etat que "dans les événements de ces derniers jours, les ennemis se sont unis en utilisant leurs moyens, l'argent, des armes, la politique et leurs services de sécurité pour créer des problèmes" à la république islamique d'Iran. Les manifestations sont les plus importantes depuis le mouvement de contestation en 2009 contre la réélection de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad. M. Rohani, élu pour un second mandat en mai 2017, a permis à l'Iran de sortir de son isolement avec la levée de sanctions internationales liées aux activités nucléaires du pays. La signature en 2015 d'un accord historique avec les grandes puissances avait fait espérer aux Iraniens une amélioration de la mauvaise situation économique, mais elle tarde à porter ses fruits. Des pays appellent à la non ingérences dans les affaires iraniennes Le ministère russe des Affaires étrangères a en revanche estimé que ce les manifestations de protestation actuelles en Iran relèvent "d'une affaire intérieure iranienne", ajoutant que "toute intervention extérieure déstabilisant la situation (en Iran) est inadmissible". La Syrie a exprimé sa "vive condamnation et son refus catégorique des positions adoptées par l'Administration américaine, l'entité sioniste et leurs outils" à propos de la situation prévalant en Iran, et insisté sur le rôle "destructeur" de ces pays dans la "déstabilisation" de la région, dans une tentative d"'affaiblir l'axe de la résistance dans la région", en réaction à un "tweet" du président américain Donald Trump, via lequel il a dit que "le temps du changement" était venu en Iran. Une source officielle du ministère syrien des Affaires étrangères et des Expatriés a souligné "l'importance du respect de la souveraineté iranienne et de la non-ingérence dans ses affaires intérieures". La Syrie "exprime sa confiance en la capacité de l'Iran de mettre en échec ce complot, de continuer son processus de développement et de la reconstruction et de poursuivre son rôle dans la victoire des cases justes des peuples", a ajouté la même source. La Turquie s'est dite "inquiète" mardi par le mouvement de protestation contre les difficultés économiques qui agite l'Iran depuis jeudi, et a mis en garde contre une "escalade" et des "provocations". L'Union européenne a dit "espérer" que le droit de manifester sera "garanti" en Iran, dans un communiqué de la porte-parole de la cheffe de sa diplomatie Federica Mogherini.