Une nouvelle manifestation a eu lieu samedi à Jerada (nord-est du Maroc), au lendemain de négociations avec une délégation ministérielle venue pour tenter d'apaiser la contestation sociale agitant depuis plus de trois semaines cette ancienne ville minière, ont rapporté des médias. Le mouvement de protestation a été provoqué par la mort accidentelle, fin décembre, de deux frères piégés dans un puits désaffecté où ils cherchaient du charbon. Depuis, des rassemblements pacifiques dénoncent régulièrement "l'abandon" de cette ville sinistrée depuis la fermeture de ses mines en 1998. Samedi, une foule d'hommes et de femmes de tous âges -entre 4.000 et 5.000 selon les manifestants, autour de 400 selon les autorités locales- s'est rassemblée pour entendre les comptes-rendus des discussions avec les autorités. Le terme qui signifie "contestation populaire" est le même que celui utilisé dans la région du Rif (nord), agitée par de longs mois de manifestations l'an dernier, avec les mêmes revendications: désenclavement, emploi, services publics opérationnels, répartition plus équitable des richesses. La contestation à Jerada porte sur quatre points majeurs: le règlement des factures d'eau et d'électricité, le traitement de la silicose qui touche des centaines d'anciens mineurs, le développement économique et l'ouverture d'enquêtes contre ceux que les locaux appellent les "barons du charbon". Quelques notables de la région ont en effet obtenu après la fermeture des mines des permis d'exploitation leur permettant de vendre en toute légalité du charbon extrait des puits désaffectés dans des conditions de sécurité très précaires, selon les protestataires.