Au lendemain des négociations qu'a eues une délégation ministérielle avec les élus locaux dans l'espoir d'apaiser la contestation sociale, qui secoue depuis plus de trois semaines Jerada, les manifestants sont encore sortis samedi dans les rues de la ville pour demander une "délégation officielle". Ainsi, une foule d'hommes et de femmes de tous âges, dont le nombre a été situé entre 4 000 et 5 000 personnes selon les manifestants, s'est rassemblée pour prendre connaissance des compte-rendus des discussions avec les autorités. Selon les médias marocains, les manifestants scandaient : "On veut une délégation officielle", en agitant des drapeaux marocains sur la place centrale de cette ville. Et pourtant la veille, c'est le ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, qui s'est déplacé en personne pour y rencontrer des élus locaux, des représentants syndicaux et une délégation de jeunes protestataires. Un communiqué repris par l'agence de presse officielle marocaine MAP indique que le ministre a présenté "les projets structurants et les perspectives prometteuses" des développements agricoles en cours dans la région. Apparemment les promesses n'ont guère convaincu les protestataires qui se disent "très mécontents" des discussions. Rappelons qu'une première délégation ministérielle avait déjà été dépêchée sur place début janvier et "un plan d'urgence" a été présenté par les autorités régionales, sans donner lui non plus satisfaction aux protestataires. Ceci étant, ce mouvement contestataire de Jerada, provoqué par la mort accidentelle à la fin du mois de décembre de deux frères piégés dans un puits désaffecté où ils cherchaient du charbon, se présente comme "le Hirak des fils du peuple". C'est le même terme utilisé dans la région du Rif, agitée pendant de longs mois par des manifestations, avec pratiquement des revendications similaires que sont le désenclavement, l'emploi, les services publics opérationnels, et une répartition plus équitable des richesses. Merzak Tigrine