Plus célèbre pour sa pomiculture, Khenchela dispose d'importants atouts agricoles aussi bien en céréaliculture et maraichage qu'en phœniciculture dont la valorisation demeure toutefois hypothéquée par le peu de développement de l'hydraulique agricole. Outre les récoltes annuelles en constante évolution de la filière de l'arboriculture fruitière des pommiers, le Nememcha, partie méridionale de cette wilaya limitrophe d'El Oued et de Biskra, a produit, à elle seule, durant la saison 2016-2017, près de 600.000 quintaux de céréales. Toutefois, ces performances ne doivent pas éluder, affirment nombre d'agriculteurs, les entraves qui freinent l'essor du secteur agricole. Abdelkader Behloul, paysan de la région de Boungar située dans la commune de Babar (Sud de la wilaya) qui exploite 15 hectares en céréaliculture et 5 hectares en maraîchage et légumes secs, affirme que l'eau peut être pompée à 150 mètres mais l'utilisation, faute d'électricité, de pompe à mazout rend pratiquement son exploitation ‘‘non rémunératrice''. Ce que l'on gagne, affirme cet agriculteur, on le dépense sur le mazout alors que le réseau d'électrification passe à peine à 2 km de nos périmètres. Rencontré en marge du 1er salon agricole tenu dernièrement à la maison de l'agriculture du chef-lieu de wilaya, Bouziane Messasse, agriculteur du périmètre Zelas (commune de Babar), affirme dépenser en six mois 400.000 DA en frais de mazout pour le fonctionnement de ces pompes d'irrigation de ses 10 hectares. "Sans ces charges lourdes, j'aurai pu augmenter la surface exploitée et diversifier encore mes cultures", assure cet investisseur. A Oued Labiodh, Tamza, Gloua Trab et Khirène, les agriculteurs exploitant environ 450 hectares d'arbres fruitiers ont indiqué, dans une pétition collective adressée aux autorités locales, que la cessation depuis août passé de leurs approvisionnements en eau d'irrigation à partir du barrage de Babar leur a occasionnés d'importantes pertes du fait que leurs vergers fruitiers nécessitent un système d'irrigation régulier. Les secteurs en rapport avec l'agriculture œuvrent à résoudre le problème de l'irrigation0 Dans une rencontre avec la presse, le wali de Khenchela, Kamel Nouicer, a indiqué que la cessation du pompage des eaux du barrage de Babar est due à la baisse de son niveau conséquemment à la faible pluviométrie de la saison ainsi qu'à la réduction des quantités des transferts à partir du barrage Koudiet Lemdouar de Batna. L'entrée en exploitation des projets d'exploitation des ressources hydrauliques en cours devront à terme mettre fin aux problèmes des paysans, a assuré le wali en soulignant que conformément aux instructions du gouvernement, la priorité est d'abord pour l'alimentation des populations en eau potable. Il a également assuré, à l'adresse des jeunes agriculteurs bénéficiaires de terrains dans le Sud de Khenchela à Babar, que les efforts sont déployés pour acheminer le réseau d'électricité vers leurs périmètres. De son côté, le directeur de wilaya des Ressources en Eau, Mohamed Boudjeltia, a indiqué que le ministère de tutelle a donné son accord pour la proposition d'augmenter d'un million m3 la quantité d'eau mobilisée du barrage de Babar pour l'irrigation agricole afin d'éviter la perte de la production des agriculteurs. Une partie de cette eau a été dirigée en urgence vers les terres des communes d'El Ouldja et Khirène et une commission composée des services agricoles et d'associations d'agriculteurs a été mise sur pied pour la répartition de ces eaux, a indiqué le même responsable. La sécheresse et l'irrigation traditionnelle dilapidatrice d'eau ont hâté la baisse du niveau des eaux souterraines, assure-t-on au bureau des statistiques de la direction des services agricoles (DSA) qui met sur pied une commission d'études. Cette commission a ainsi relevé que dans la seule région de Bouhmama, célèbre pour sa pomiculture dont la récolte de cette année a atteint près de 1 million de quintaux, 60 % des puits ont tari, selon la même source. Une des solutions avancées consiste à construire des barrages et des retenues collinaires afin d'atténuer les effets de la sécheresse et augmenter les quantités mobilisées des eaux superficielles, est-il indiqué. La surface agricole irriguée dans la wilaya de Khenchela atteint 60.000 hectares dont la moitié est constitué de terres céréalières. 40 % de ces terres se trouvent dans la région Sud de la wilaya et sont essentiellement irriguées selon le mode traditionnel dans lequel les deux tiers des quantités se perdent, est-il noté de même source.