L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) a demandé mardi aux autorités marocaines, suite à l'expulsion du Maroc de la militante française de la cause sahraouie Claude Mangin, la levée de l'interdiction de l'entrée au territoire, au titre du droit humanitaire. "Dans la mesure où Claude Mangin-Asfari ne représente aucune menace, l'ACAT demande aux autorités marocaines la levée de l'interdiction de l'entrée au territoire, au titre du droit humanitaire et la libération immédiate des prisonniers politiques de Gdeim Izik, condamnés à de lourdes peines en juillet 2017, à l'issue d'un procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d'aveux obtenus sous la torture", a réagi l'ONG dans un communiqué au moment où l'épouse du militant sahraoui Naâma Asfari a décidé d'entamer, à compter de mercredi, une grève de la faim illimitée en guise de réclamation de son droit de visite à son mari détenu au Maroc, garanti par le droit humanitaire. L'ACAT a demandé également le transfert "immédiat" des prisonniers politiques sahraouis dans une prison située en territoire occupé (Sahara occidental), conformément à l'article 76 de la 4e convention de Genève. L'ONG a considéré que ce quatrième refoulement en moins de deux ans de Claude Mangin-Asfari est une "énième représaille" exercée par le Maroc à l'encontre de son époux Naâma Asfari, détenu depuis novembre 2010 et condamné à 30 ans de prison pour avoir défendu l'autodétermination du peuple sahraoui. "Torturé, battu, humilié, pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la contrainte. En décembre 2016, le Maroc a été condamné par le Comité de l'ONU contre la torture dans le cadre de la plainte déposée par l'ACAT et le cabinet Ancile-avocats au nom de Naâma Asfari", a rappelé l'ONG. Le Maroc, soutenu par la France, interdit depuis des mois des visites aux prisonniers politiques sahraouis détenus dans ses prisons, ainsi que celles des militants des droits de l'homme. En février dernier, deux avocates, Ingrid Metton et Olfa Ouled, du groupe des 24 militants sahraouis de Gdeim Iziz, détenus au Maroc depuis plus de sept ans, ont été interdites d'entrer au Maroc. Les deux avocates, du barreau de Paris, qui avaient défendu les militants sahraouis lors des audiences de leur procès en appel, entre janvier et mai 2017, à la Cour d'appel de Rabat-Salé, ont voulu rendre visite à leurs clients suite à des informations faisant état des mauvais traitements qu'ils auraient subis en prison, rappelle-t-on. Dix-neuf militants sahraouis, rappelle-t-on encore, ont été lourdement condamné le 19 juillet 2017, au terme de ce procès où les seules preuves présentées restent des aveux signés sous la contrainte. Les prisonniers politiques sahraouis ont été dispersés dans 7 prisons à travers le territoire marocain.