Le Front Polisario rejette "purement et simplement" le processus de consultation initié par la Commission européenne dans le cadre des négociations UE-Maroc visant à inclure le Sahara occidental dans le champ d'application de leurs accords agricole et de pêche, a affirmé vendredi le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati. "Contrairement à ce qu'affirme la Commission, le Front Polisario n'a pas participé à ce processus et a, à maintes reprises, clairement indiqué que nous le rejetons purement et simplement", a-t-il déclaré à l'APS. Le ministre sahraoui a soutenu que le processus de consultation de la Commission vise à "contourner le droit de l'UE" qui a jugé que ni les accords d'association et de libéralisation des produits agricoles, ni l'accord de pêche UE-Maroc ne sont applicables au Sahara occidental et à ses eaux adjacentes. "Nous avons invité la Commission à poursuivre un dialogue constructif en dehors du cadre de ce processus, mais elle ne s'est pas encore sérieusement engagée", a-t-il regretté. Mohamed Sidati a estimé, en outre, que la liste des "parties prenantes" impliquées dans le processus de consultation, dévoilée dernièrement par l'Observatoire des ressources naturelles au Sahara occidental (WSRW), témoigne du "mépris total"de la Commission européenne pour les décisions successives de la Cour européenne de justice, et "porte atteinte à la crédibilité du processus". "Il ressort clairement de la liste que la Commission n'a consulté qu'un ensemble d'acteurs directement liés au gouvernement marocain dont une société marocaine appartenant à l'Etat", a-t-il souligné. Près de 90 associations représentant la société civile sahraouie ont, d'ailleurs, refusé de participer au processus de consultation, jugeant celui-ci biaisé et renvoyant la Commission vers le représentant légal du Sahara occidental, le Front Polisario. Le ministre sahraoui s'est dit "profondément préoccupé" par l'approche adoptée par l'UE dans le cadre de la renégociation de ses accords commerciaux avec le Maroc. Des accords, a-t-il poursuivi, qui "font explicitement référence au territoire du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui". "La complicité de l'UE dans le renforcement de l'occupation illégale du Sahara occidental conforte le Maroc dans son refus de rechercher un véritable règlement politique au conflit à travers la table de négociation", a-t-il soutenu. Mohamed Sidati a exprimé également l'inquiétude du Front Polisario face aux mesures prises par l'UE et qui, a-t-il dit, "minent les efforts de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Horst Kohler, en vue de relancer les pourparlers de paix". Il a exhorté, à ce titre, l'UE et ses Etats membres à "revoir immédiatement" cette approche "préjudiciable", en mettant fin à toutes les actions en cours pour exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui et à "prendre des mesures pour se conformer aux décisions de la Cour européenne de justice".