Les sites de vente en ligne en Algérie se sont multipliés ces dernières années notamment depuis le lancement de la 3G en 2014 et 4G en 2016 et tout récemment la promulgation d'un texte de loi encadrant ce marché, qui attire de plus en plus les citoyens vers ce mode de transactions jugé "aisé". En effet, le développement constant des technologies numériques dans le pays a touché bien des secteurs, y compris celui du commerce, qui a vu depuis le début des années 2010 une prolifération de sites de vente en ligne, lancés par des pure players (des commerçants exerçant leurs activités uniquement sur Internet). Il est relevé, toutefois, que les transactions financières en ligne en Algérie ne s'effectuent actuellement que pour le paiement des factures téléphoniques, d'électricité, du gaz et de l'eau, ainsi que pour certains autres services comme les assurances et le transport. En 2017, quelques 100.000 paiements électroniques ont été effectués pour le règlement des factures, alors que le règlement par cash continue à prédominer, selon un responsable du Groupement d'intérêt économique de la monétique, Madjid Messaoudène. L'absence, durant des années, d'une législation encadrant et sécurisant ce marché ainsi que le manque d'utilisation des cartes interbancaires par les Algériens, a incité les web marchands algériens à proposer d'autres alternatives en l'occurrence le paiement de la commande à la livraison en espèces, par carte électronique, par virement bancaire ou CCP ou par bons d'achats. Il est ainsi enregistré chez l'un des leaders du e-commerce dans le pays, Jumia.dz, quelque 1,5 million de visiteurs sur ce site par mois en 2017, soit une croissance de 50 % par rapport à 2016, selon l'entreprise (installée en 2014 dans le pays), pour qui le paiement en cash n'a pas empêché le nombre de commandes "d'augmenter de façon constante" et le chiffre d'affaires de "s'accroître" enregistrant "entre 10.000 et 20.000 commandes mensuellement". Pour ce qui est de l'autre site 100% algérien, Batolis.com, lancé en 2015, l'entreprise, dont "les chiffres sont motivants", propose de nombreux produits qu'elle livre à travers tout le territoire national, explique à l'APS Samir Bouazabia, co-fondateur du site, qui regrette que les clients préfèrent toujours le paiement par cash, une solution risquée pour les e-marchands, et ce à cause des fausses commandes. Il a appelé, à cette occasion, à hâter la publication des textes d'application de la loi sur le e-commerce, une mesure qui devra, selon lui, donner plus de confiance aux clients dans l'utilisation de leurs cartes de crédit en ligne pour les achats. L'e-commerce "informel" en croissance sur le Net L'e-commerce en Algérie ne se résume pas qu'aux pure players, des centaines de sites proposant la vente de produits en ligne pullulent actuellement sur les réseaux sociaux comme Facebook. On y trouve les professionnels de la vente en ligne en l'occurrence les pure players, mais aussi des boutiques en ligne qui échappent à tout contrôle ainsi que de simples citoyens qui se sont lancés dans la vente via Facebook en proposant divers produits concurrençant ainsi les sites activant légalement. "Certaines pages créées par de simples citoyens vendant nombre de produits en l'absence de toute légalité concurrencent de façon déloyale les sites qui payent leurs impôts", a-t-il dénoncé, tout en qualifiant cette forme de transactions en ligne de "commerce informel". Des citoyens se disent, pour leur part, favorables à l'achat en ligne dans des sites marchands professionnels encadrés par la loi donc plus fiables proposant des produits sous garantie, contrairement aux transactions effectuées entre particuliers sur Facebook qui sont, elles, sans aucune sécurité. Toutefois, la question de la fiabilité de ces e-commerces se pose encore, car les clients, même s'ils sont globalement satisfaits des services fournis, regrettent l'absence de certaines garanties tels que les factures, les retards dans les livraisons, ou l'absence de services après-vente ou d'interlocuteur en cas de réclamation. La mention de livraison dans un délai d'une semaine, après l'enregistrement de la commande, n'est pas souvent respectée par certains sites, note Omar, un habitué des achats par internet. Pour d'autres clients, les prix affichés pour certains produits sur des "hypermarchés" en ligne sont souvent plus chers que ceux proposés par les commerces classiques, exprimant leur souhait de voir ces web marchands mettre en avant des produits originaux aux plus bas prix afin d'attirer plus de clients vers ce mode d'achat. Par Abderrachid BASTA