Les 28 dirigeants de l'Union européenne sont parvenus vendredi après une nuit de tractations tendues lors d'un sommet tenu à Bruxelles à un accord sur le dossier migratoire qui contient plusieurs mesures pour la prise en charge de cette question lancinante sur laquelle les membres de la zone euro étaient en total désaccord. L'accord prévoit des plateformes de débarquement de migrants, des centres de contrôles, des mesures de renforcement des frontières extérieures ainsi que la réforme du droit d'asile dans le cadre du Règlement de Dublin. Concernant les plateformes de débarquement, les dirigeants des 28 appellent à explorer rapidement le concept de plateformes régionales de débarquement de migrants secourus en mer hors d'Europe, en coopération avec le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale des migrations (OIM), pour dissuader les traversées de la Méditerranée. Les migrants secourus dans les eaux européennes pourront être pris en charge dans des "centres contrôlés" sur le territoire de l'UE, prévoit le texte, d'où ils pourront être répartis dans l'Union quand ils sont éligibles à l'asile et renvoyés vers leur pays dans le cas contraire. Mais la création de ces lieux, qui seraient dotés de moyens européens, est laissée à la discrétion des Etats membres, et de la même manière le partage de l'accueil devra se faire "sur une base volontaire". L'accord comprend un paragraphe pour la lutte contre les déplacements de migrants entre pays de l'UE sans attendre de décision sur leur cas dans leur pays d'arrivée, qualifiés de "mouvements secondaires". "Les Etats membres devraient prendre toutes les mesures législatives et administratives internes nécessaires pour contrer de tels mouvements et coopérer étroitement entre eux à cette fin", est-il écrit. L'accord prévoit aussi d'augmenter les moyens de l'Agence européenne de gardes-frontières, Frontex, en lui donnant plus de ressources financières et un mandat plus large. Il prévoit aussi de renforcer le soutien aux garde-côtes libyens et appelle tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée à "respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens". Les 28 ont convenu de débloquer la seconde tranche de 3 milliards d'euros du fonds pour aider les réfugiés en Turquie et d'alimenter le fonds de l'UE pour l'Afrique, afin de lutter contre les causes des migrations. Quant à la réforme du Règlement de Dublin, "un consensus doit être trouvé entre les membres de l'UE pour qu'il soit réformé sur la base d'un équilibre entre responsabilité et solidarité", est-il mentionné dans l'accord, qui ne fixe pas toutefois de calendrier pour boucler ce projet.