"Plateformes de débarquement" de migrants, "centres contrôlés" et "renforcement des frontières extérieures" de l'UE sont les principaux points de l'accord conclu hier à l'aube par les chefs des 28 Etats membres. C'est vendredi à 4h30 (2h30 GMT) qu'un compromis a été conclu par les dirigeants européens après neuf heures d'âpres discussions. Cet accord propose une "nouvelle approche" avec la création de "plateformes de débarquements" de migrants en dehors de l'UE pour dissuader les traversées de la Méditerranée. Mais plusieurs pays de la rive sud de la Méditerranée ont déjà annoncé leur rejet d'accueillir ces centres, à l'image du Maroc et de l'Algérie. Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a en effet fait savoir, jeudi, que son pays rejetait l'idée de tels centres d'accueil hors de l'UE. La veille, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait fermé lui aussi la porte à toute éventuelle ouverture de "zones de débarquement" pour migrants à destination de l'Union européenne. Concernant ces "plateformes de débarquement", les dirigeants des 28 appellent à explorer rapidement le concept de plateformes régionales de débarquement de migrants secourus en mer hors d'Europe, en coopération avec le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale des migrations (OIM), pour dissuader les traversées de la Méditerranée. Les migrants secourus dans les eaux européennes pourront être pris en charge dans des "centres contrôlés" sur le territoire de l'UE, prévoit le texte, d'où ils pourront être répartis dans l'Union quand ils sont éligibles à l'asile et renvoyés vers leur pays dans le cas contraire. Il est précisé que la création de ces lieux, qui seraient dotés de moyens européens, est laissée à la discrétion des Etats membres, et de la même manière le partage de l'accueil devra se faire "sur une base volontaire". Outres ces camps de débarquements, il est question de centres de contrôle, des mesures de renforcement des frontières extérieures ainsi que la réforme du droit d'asile dans le cadre du Règlement de Dublin. C'est dire la fragilité de ce compromis des dirigeants européens, qui prévoit plusieurs autres mesures pour la prise en charge de cette question lancinante sur laquelle les membres de la zone euro étaient en total désaccord. À noter que l'accord comprend un paragraphe pour la lutte contre les déplacements de migrants entre pays de l'UE sans attendre de décision sur leur cas dans leur pays d'arrivée, qualifiés de "mouvements secondaires". "Les Etats membres devraient prendre toutes les mesures législatives et administratives internes nécessaires pour contrer de tels mouvements et coopérer étroitement entre eux à cette fin", est-il écrit. Il est question aussi d'augmenter les moyens de l'agence européenne de gardes-frontières Frontex, en lui donnant plus de ressources financières et un mandat plus large. Le renfort du soutien aux garde-côtes libyens est également prévu, avec un appel à tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée à "respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens". Enfin, les 28 membres de l'UE ont convenu de débloquer la seconde tranche de 3 milliards d'euros du fonds pour aider les réfugiés en Turquie et d'alimenter le fonds de l'UE pour l'Afrique, afin de lutter contre les causes des migrations. Quant à la réforme du Règlement de Dublin, "un consensus doit être trouvé entre les membres de l'UE pour qu'il soit réformé sur la base d'un équilibre entre responsabilité et solidarité", indique l'accord, qui ne fixe pas toutefois de calendrier pour boucler ce projet. Merzak T./Agences