La directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Henrietta H. Fore, a, dès son retour d'une mission de quatre jours au Yémen, dénoncé "le conflit interminable" qui déchire le pays et dont les enfants sont les premières victimes. Mme Fore, qui s'est rendue à Aden et à Sanaa, a constaté sur place les conséquences sur les enfants de trois années de guerre et de décennies de sous développement au Yémen "dans une indifférence mondiale chronique". Déscolarisés, contraints de se battre, mariés de force, affamés, victimes de maladies évitables, onze millions d'enfants yéménites, plus nombreux que la population totale de la Suisse, ont aujourd'hui besoin d'aide pour obtenir de la nourriture, des soins, une éducation, de l'eau et des services d'assainissement", a déclaré Mme Fore lors d'une conférence de presse à Genève. Depuis 2015, plus de la moitié des structures de santé au Yémen ont cessé de fonctionner et plus de 1.500 écoles ont été endommagées en raison des frappes aériennes et des bombardements. Au moins 2.200 enfants ont été tués et 3.400 blessés. "Et ce ne sont que les chiffres que nous avons pu vérifier. Le nombre réel de victimes pourrait être encore plus élevé", a souligné la responsable de l'UNICEF. "Rien ne peut justifier un tel carnage", a-t-elle ajouté. Jeudi, l'UNICEF a pu acheminer plus de 50 tonnes d'articles médicaux vers Hodeïda, ville portuaire de l'ouest du Yémen et terrain d'affrontement entre les forces houthis et la coalition dirigée par l'Arabie saoudite. Acheminés depuis Djibouti, les articles comprennent des antibiotiques, du paracétamol et de l'acide folique afin de répondre aux besoins de 250.000 femmes et enfants. "Avant ce chargement, et avant que ne commence la bataille pour Hodeïda, l'UNICEF a réussi à acheminer suffisamment de fournitures pour aider à réapprovisionner les centres de santé et fournir des articles sanitaires de base à 500.000 personnes, dont des femmes enceintes, des bébés et des enfants", a déclaré Mme Fore. A Hodeïda, 5.000 familles ont dû abandonner leur maison au cours des deux dernières semaines. Les équipes de l'UNICEF sur le terrain ont rapporté que la plupart des commerces, des boulangeries et des restaurants de la ville étaient fermés, limitant la disponibilité des denrées sur le marché. Les approvisionnements en produits de base (farine de blé, huile végétale et gaz de cuisine) s'amenuisent constamment. La semaine dernière, les prix du blé et de l'huile végétale ont augmenté de 30% et celui du gaz de cuisine, de 50%. La plupart des quartiers de la ville sont privés d'électricité et les canalisations d'eau ont été endommagées, provoquant de graves pénuries. A Hodeïda, comme dans le reste du pays, le besoin de rétablir la paix est plus urgent que jamais, a dit la responsable de l'UNICEF. "Il est également crucial que les familles qui souhaitent fuir puissent le faire en toute sécurité et que les infrastructures civiles, y compris les écoles, les hôpitaux et les installations d'approvisionnement en eau, soient préservées", a ajouté Mme Fore. "Face à une crise d'une telle ampleur, les organisations humanitaires doivent avoir la possibilité de déployer leurs équipes sans délai afin de venir en aide aux populations en détresse". La directrice générale a par ailleurs souligné que la protection des enfants - contre les dangers des mines, le recrutement par des forces armées, l'exploitation et les attaques - "doit rester une priorité absolue en toutes circonstances".