L'affaire Benalla, à travers laquelle le président français Emmanuel Macron semble être la cible principale, est loin de connaître son épilogue avec les auditions menées par la commission parlementaire d'enquête qui font monter la pression sur l'Elysée en l'accablant davantage. S'érigeant en véritable tribunal politique, la commission d'enquête parlementaire, dans cette affaire d'été qui s'est transformée en affaire d'Etat, ne donne pas y aller de main morte. Tout passe en peigne fin pour mettre à nu les dysfonctionnements de l'Etat, notamment de l'exécutif qui ne semble pas, pour le moment, secoué par la tempête. L'affaire dite Benalla est venu éclabousser la présidence française suite aux révélations faites par Le Monde qui avait montré le "Monsieur sécurité" de l'Elysée, Alexandre Benalla, agresser violemment des manifestants le 1er mai dernier. Un scandale qui a pratiquement mis le monde politico-médiatique dans un contexte d'hystérie totale qui a fait oublier la dernière conquête footballistique française au niveau mondial. Le Premier ministre Edouard Philippe, au cours d'une réunion à huis clos avec les députés de La République en marche (LREM), a accusé l'opposition d'"obstruction" et d'"instrumentalisation politique" de l'affaire qui relève actuellement de la justice. Les oppositions "veulent nuire, nuire au président de la République, nuire au gouvernement, nuire à la majorité. Et elles vont feuilletonner pour que la polémique dure le plus longtemps possible", a affirmé Edouard Philippe, selon les propos des participants à cette réunion rapportés par la presse. D'ailleurs, le dernier baromètre IPSOS pour Le Point, dont les résultats ont été publiés ce mardi, montre que le président Macron recule de quatre points dans l'opinion dans le sillage de cette affaire inédite depuis le début de son quinquennat. Le sondage fait ressortir que le président Macron accuse un recul de quatre points en un mois parmi les sympathisants de son mouvement (LREM, à 75 % d'opinions favorables, et un décrochage de onze points chez les sympathisants Les Républicains (LR, droite), à 32 %. Après l'audition, lundi, du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, et préfet de police de Paris, Michel Delpuech, qui ont tenté de défendre leurs périmètres d'actions, plusieurs observateurs politiques concluent que le président Macron doit sortir de son mutisme en "assumant sa part d'erreurs" dans ce scandale. En tout cas, ils restent unanimes à penser que beaucoup de zones d'ombres persistent sur le rôle de chaque institution dans la délivrance ou pas de l'autorisation à Alexandre Benalla "d'opérer" lors des manifestations du 1er mai. Dans son édition de mardi, Le Figaro (droite) a estimé que "la révélation du comportement douteux d'un rouage important du dispositif de la sécurité élyséenne sidère le pays : rien ne changera donc jamais dans les allées du pouvoir", soulignant que la crédibilité du président est désormais "ébréchée" par la "Benallagate". Au sein de l'opinion de gauche, L'Humanité souhaite l'audition du président de la République, soulignant que les oppositions, face à l'entêtement de l'exécutif, "ont montré combien l'équilibre des pouvoirs est un bien précieux à conquérir et à promouvoir".