L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) a dénoncé dans un rapport, publié jeudi, une "régression patente des droits humains" au Maroc, qui a touché de nombreux mouvements sociaux et plus particulièrement le Hirak du Rif dans le nord du royaume. Dans son rapport couvrant 2017 et une partie de 2018, cité par des médias, l'AMDH, la plus importante ONG de défense des droits de l'Homme du Maroc dénonce la "répression qui a touché de nombreux mouvements sociaux, particulièrement le Hirak du Rif" dans le nord du royaume. Les mouvements de fronde sociale contre les conditions de vie difficiles se sont multipliés ces deux dernières années dans des régions marocaines déshéritées. Le plus important, appelé Hirak, a agité en 2016-2017 la région historiquement frondeuse du Rif marocain. Ses meneurs ont été arrêtés et condamnés en juin à de lourdes peines allant jusqu'à 20 ans de prison. Le rapport affirme que le nombre total de détenus et de personnes poursuivies en raison de "leurs opinions critiques" ou de "leurs activités au sein des mouvements de protestation", y compris dans le Rif, a "dépassé 1.020". Evoquant une "augmentation considérable du nombre de détenus politiques", le président de l'AMDH, Ahmed El Haij, a précisé que ce nombre incluait des militants qui ont entretemps été innocentés. Dans son bilan, l'AMDH déplore par ailleurs le "faible engagement" de l'Etat dans "la lutte contre la torture", et s'inquiète d'une "recrudescence des violations systématiques du droit d'organisation, de création d'associations et de manifestation pacifique". Le rapport dénonce enfin une "diffamation qui s'est généralisée" contre les "opposants, activistes et journalistes indépendants" ainsi qu'un "acharnement systématique contre les défenseurs des droits humains", y compris l'AMDH.