La réforme institutionnelle de l'Union Africaine (UA), visant à donner plus d'efficacité à l'action de l'organisation, appelée à s'adapter aux nouvelles réalités mondiales, sera à l'ordre du jour du 11e sommet extraordinaire de l'organisation, prévu les 17 et 18 novembre à Addis-Abeba en Ethiopie. Les chefs d'Etat et de gouvernements des 55 pays membres de l'UA, créée en 1963 sous l'appellation de l'Organisation de l'Union Africaine (OUA), devenue en 2002 l'Union Africaine (UA), devront discuter des questions relatives aux réformes de cette organisation panafricaine, qui fait face à des défis multiformes, liés notamment à des dysfonctionnements structurels, des difficultés financières et des lacunes en matière de coordination au sein de son système institutionnel. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, représentera le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à ce sommet dont les travaux ont été précédés par la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'UA. La rationalisation des modes de gestion des contributions, les nouvelles modalités de travail et du financement de l'UA figurent parmi les principaux chantiers de cette réforme entamée depuis 2016. Chargé, en juillet 2016, par ses pairs d'élaborer un rapport sur la réforme de l'UA, Paul Kagamé, président en exercice de l'UA et chef de l'Etat rwandais, a proposé, entre autre, la transformation du mécanisme du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) en agence de développement de l'UA. Pour le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat, il s'agit de "doter le NEPAD en tant qu'entité de personnalité juridique distincte et de créer entre autre une matrice de division du travail entre la commission africaine, les communautés économiques régionales pour aligner les programmes". Une autre proposition portant sur le renforcement des compétences du président de la Commission a été également formulée dans les recommandations de ce rapport élaboré avec le concours des experts et adopté par l'assemblée générale de l'organisation panafricaine. Il est également recommandé la mise en £uvre immédiate de la "taxe Kaberuka", de 0,2 % sur les importations avec le renforcement des sanctions pour les pays qui ne paient pas leur contribution. Ce prélèvement permettra de financer le budget opérationnel de l'UA, dont 75% seront consacrés au budget du programme, tandis que 25% du budget seront destinés à soutenir les opérations de maintien de la paix. Cette taxe aidera également à réduire la dépendance vis-à-vis des fonds des partenaires pour la mise en œuvre des programmes continentaux et d'alléger les pressions exercées sur les trésors nationaux. Réforme de l'UA : l'Algérie pour une révision du fonctionnement mais pas des principes fondamentaux L'Algérie, qui accorde une importance particulière au processus de réforme de l'UA, réaffirmera, à l'occasion de ce sommet, sa position favorable à une révision du fonctionnement technique des structures de l'organisation, estimant nécessaire l'adhésion la plus large de l'ensemble des Etats membres de l'UA à ce projet de réforme. "Le contenu de la réforme de l'UA devrait bénéficier de l'adhésion la plus large de l'ensemble des Etats membres de l'UA dont la mécanique financière devrait tenir compte des capacités économiques de chaque pays", avait estimé M. Ouyahia, lors de la session de consultations sur la question de la réforme de UA, tenue, en janvier dernier à Addis-Abeba. M. Ouyahia avait souligné que l'Algérie "partage l'impératif d'une réforme institutionnelle et structurelle de l'UA" ajoutant sur un autre registre que la mécanique financière de l'Organisation "devrait tenir compte d'un minimum d'équilibre entre l'ensemble des Etats membres et de leurs capacités économiques". Il avait, dans le même contexte, mis l'accent sur "l'importance d'une gestion consensuelle du processus de réforme, à travers notamment, une approche basée sur l'appropriation par les Etats membres et l'examen exhaustif des propositions qui y sont contenues". En terme de réforme de l'UA, il est attendu selon l'approche algérienne de donner à l'organisation les moyens de répondre aux aspirations des peuples du continent en matière de développement et d'intégration sans que cette réforme ne touche aux principes fondamentaux de l'Union. Il s'agit en fait d'une réforme qui ne touchera pas les objectifs et les principes de l'Union mais plutôt d'une révision du fonctionnement technique de l'organisation et de ses structures afin d'améliorer leur rendement. A titre d'exemple, le Conseil pour la paix et de sécurité (CPS) de l'UA ne figure pas dans l'Acte constitutif de l'organisation panafricaine, mais il y a juste un protocole relatif au CPS ajouté à cet Acte alors que l'expérience a prouvé que le CPS constitue un organe essentiel dans le fonctionnement de l'UA.