A la veille de la Conférence ministérielle de l'OPEP et de la réunion des pays OPEP et non OPEP prévues cette semaine à Vienne, l'expert dans les questions énergétiques, Abdelmadjid Attar, ex. ministre des Ressources en eau et ex. P-dg de Sonatrach, s'exprime dans cet entretien sur l'évolution des cours du pétrole et l'enjeu d'une réduction de la production face à un environnement international complexe. - QUESTION: L'accord de réduction de la production pétrolière arrivera à terme fin 2018. L'OPEP et ses partenaires vont se réunir à Vienne pour décider de leur futur niveau de production. Pour la Russie et l'Arabie saoudite, il est important de réduire la production mais pas autant qu'il le faudrait pour empêcher un déséquilibre de l'offre début 2019. Quelle est votre lecture là-dessus? -ABDELMADJID ATTAR: La hausse du prix du baril au cours de la décennie 2004-2014 a enrichi et "endormi" les pays producteurs et exportateurs de pétrole, mais a aussi entraîné un profond bouleversement des stratégies des pays consommateurs en matière de modèle de consommation énergétique et de sécurité énergétique. La chute du prix au milieu de 2014 a été une surprise et pris tout le monde de cours, et il a fallu trois longues années, de 2014 à 2016, avec un prix moyen inférieur à 50 dollars, pour commencer à s'adapter à la mutation qui affecte de façon générale le secteur énergétique. Je pense que la période d'instabilité des prix va probablement durer encore 3 à 5 ans avec un prix moyen qui devrait atteindre 70 dollars le baril, sauf bouleversement très grave de nature géopolitique surtout, qui pourra entraîner aussi bien une baisse qu'une hausse sur plusieurs mois, parce que les autres facteurs qui conditionnent ce prix ne sont plus les mêmes. Ces facteurs ne sont pas entre les mains des pays exportateurs OPEP-non OPEP dont la stratégie va consister, à moyen terme, à défendre un prix minimum au prix d'un gel sinon d'une réduction de production. Au delà de 2023, il faudrait avoir une boule de cristal pour faire des prévisions, et continuer à suivre de près la politique des trêves successives des Etats-Unis.