Le spectacle "Bayna el-djenna wal'djounoun" (Entre le paradis et la démence), une tragédie qui dénonce les dérives du pouvoir, a été présenté mercredi à Alger dans le cadre du 13e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), ouvert le 22 décembre dernier. Le nombreux public du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), a pu apprécier, 70 mn durant, les évènements poignants d'un spectacle en compétition produit par le Théâtre régional d'El-Eulma, mis en scène par Lotfi Bensbaa sur un texte de Allaoua Koussa. Dans un royaume où chaque administré vaque normalement à ses occupations habituelles, le premier conseiller du roi, aux intentions malveillantes, passe son temps à fomenter des stratagèmes pour arriver à ses fins de prendre, un jour, les règnes du pouvoir en épousant la princesse, incarnée par Wissem Chahrazed Kamla. Pour ce faire, la mise en application des schémas scabreux ordonnée par le conseiller malsain, rendu par Salim Bouwdène, commence par l'empoisonnement de la reine, devenue trop gênante, par un des gardes du roi, interprétés par Atef Kermiche et Achour Bouras respectivement. Déterminé à défendre un modèle de vie basé sur la justice sociale et les valeurs humanistes, le sage du royaume, joué par Mohamed Harbi, va réussir à empêcher, par le prêche et la poésie et au prix de sa vie, le premier conseiller à s'accaparer le pouvoir et instaurer le despotisme. Le spectacle, également servi par, Sofiane Fatmi, Abdeslam Makhloufi, Tahar Chorfa (Sadek) et Salim Amirouche a brillé par des choix conceptuels judicieux et concluants, tant sur le plan de la mise en scène, que celui de la scénographie. Soutenu par la bande son de Hassen Lamamra, qui rend les atmosphères de la trahison et de la révolte, le décor dit ?de transition?, œuvre de Mourad Bouchehir, a bien servi le spectacle, conçu avec des entrées aux formes architecturales romaines, délibérément brisées et une projection de dessins lumineux, barreaudés, ou de rideaux aux couleurs vives, suggérant la prison ou le royaume. La dualité, dans le titre de la pièce, "Bayna El-djenna wal'djounoun", la démence, symbolisée par la quête assoiffée du pouvoir, et le paradis, représenté par la quête de vérité et de justice sociale, a suscité une vive attention du public qui a suivi le spectacle dans ses toutes situations, appréciant l'esthétique de ses tableaux. Le 13e FNTP se poursuit jusqu'au 31 décembre avec dix-huit spectacles (après la reprogrammation de la pièce de théâtre "El mina"), inscrits en compétition au TNA, et huit autres en off, programmés au Théâtre municipal d'Alger-Centre. En marge de la compétition, des conférences, des masters-class et des spectacles de rue, sont également prévus durant le 13e FNTP.