Plusieurs partis de l'opposition ont annoncé le boycott de la séance du Parlement, siégeant en chambres réunies (Conseil dela nation et l'Assemblée populaire nationale), prévue mardi en vue de prendre acte de la déclaration du Conseil constitutionnel constatant la vacance définitive du poste du président de la République et appliquer l'article 102 de la Constitution, proposant des solutions politiques répondant aux revendications du mouvement populaire. Dans ce cadre, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le Front de la justice et du développement (FJD), et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont annoncé, lundi, le boycott de la séance du Parlement siégeant en chambres réunies qui installera le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah en tant que Chef de l'Etat, en remplacement du président de la République démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika, pour une durée de 90 jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles seront organisées. Le Parti des Travailleurs (PT) et le Front des Forces socialistes (FFS) avaient, quant à eux, annoncé le retrait de leurs membres du Parlement. Dans un communiqué, le MSP a fait part de sa décision de boycotter la séance du Parlement siégeant en chambres réunies, partant du principe que "la participation à cette réunion serait une confirmation automatique de Abdelkader Bensalah comme Chef de l'Etat, ce qui est en contradiction avec les revendications du peuple, clairement exprimées par le Hirak populaire". Rappelant que la démission du président est définitive en vertu des dispositions de la Constitution et que la réunion du Parlement "n'est qu'une formalité suivant l'article 102 de la Constitution, en cas de démission", le MSP a réitéré sa position quant à la solution dans le cadre de cet article qui ne pourrait, selon lui, constituer une solution que "si elle est accompagnée de réformes politiques garantissant la concrétisation de la volonté populaire, à travers des élections libres et transparentes et à la condition que l'institution militaire se contente d'accompagner la transition politique et que le Hirak populaire se poursuive jusqu'à la concrétisation de la volonté populaire". Pour sa part, le FJD boycottera la réunion du Parlement siégeant en chambres réunies prévue mardi au Palais des nations (Alger), ajoutant que le Parlement actuel était "illégitime" et ne représente plus le peuple qui a investi la rue, estimant que "la crise que traverse l'Algérie est exceptionnelle et ne peut être réglée que par des solutions exceptionnelles". A ce titre, le parti du FJD a proposé plusieurs mécanismes permettant de concrétiser les dispositions de l'article 7 de la Constitution, notamment une transition de six (06) mois gérée par "un chef d'Etat" ou d'un "conseil présidentiel" composé de trois à cinq personnalités jouissant de compétence, d'expérience professionnelle et d'un parcours intègre. De ce fait, un gouvernement de compétence sera chargé de la gestion des affaires courantes des citoyens, de la préservation de la sécurité et de la stabilité du pays et de la réunion des conditions matérielles nécessaires et adéquates pour le retour au processus électoral. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé que la convocation du parlement à la réunion de demain était une manœuvre du système en vue d'"entraver le lancement d'un nouveau processus politique" et de contourner les revendications et la volonté du peuple. Le Front des forces socialistes (FFS) a dénoncé, quant à lui, la convocation des deux chambres du parlement qu'il a qualifié d'"illégitime et impopulaire" par un pouvoir "qui n'entend pas la voix du peuple". Le FFS a qualifié la convocation du parlement de "tentative vaine de reconduire les responsables du régime afin de le pérenniser, de le renforcer et de le consolider", ajoutant que "c'est au peuple Algérien qu'il appartient de reconstruire l'Etat et ses institutions d'une manière souveraine et démocratique après 57 ans d'un régime autoritaire qui a empêché toute alternance démocratique". Le parti a rappelé à cette occasion que le peuple Algérien manifestait depuis le 22 février pour exiger "un changement du système et non un changement dans le système", affirmant que "le peuple exige un changement radical du système en rejetant ses deux béquilles institutionnelles (l'APN et le Conseil de la Nation). Le Front des forces socialistes avait procédé dimanche, à la levée de la couverture politique aux parlementaires du parti qui n'ont pas démissionné, et ce, pour non-respect de la décision relative au retrait des parlementaires du FFS des deux chambres du parlement prise par les instances politiques du parti le 06 mars 2019, conformément à la charte de l'élu et aux textes du Parti". Pour sa part, le parti des Travailleurs (PT) avait décidé la semaine dernière de s'abstenir de prendre part à toute tentative visant à contourner la souveraineté populaire à travers "un parlement illégitime". Selon des spécialistes en droit constitutionnel, la réunion des deux chambres du parlement écarte les solutions politiques à la crise proposées par plusieurs acteurs et partis politiques et applique l'article 102 de la Constitution qui stipule que le président du Conseil de la Nation, à savoir Abdelkader Bensalah, sera le chef de l'Etat en remplacement du président de la République démissionnaire pour une durée de 90 jours. Le Parlement compte, en chambres réunies, 606 membres (462 députés APN et 144 membres au Conseil de la nation). Les partis de la coalition parlementaire (FLN, RND, TAJ et MPA) détiennent la majorité des sièges au niveau des deux chambres, rappel-t-on.