Question de diversifier les saveurs, d'agrémenter les "meidate" de rupture du jeûne ou simplement de passer le temps : nombre de citoyens d'Oum El Bouaghi ont pris l'habitude de sillonner, surtout les après-midis, les petites villes et villages en quête de tout ce qui peut exciter leurs papilles gustatives. Ainsi, certains parcourent des dizaines de kilomètres pour un kilogramme de Zlabia ou Kelb louz, un litre de lait cru de ferme ou leben ou encore quelques cailles ou un lapin. A l'affut de ces petites faiblesses de jeuneurs, les commerçants de l'avenue Abbas Laghrour de la ville d'Ain Beida, seconde plus grande agglomération de la wilaya, ont multiplié leurs offres au point d'avoir réussi à accoler à cette avenue le surnom de "la rue des jeuneurs" qui y viennent des quatre coins de la wilaya et même des wilayas voisines. ''La cuisson du lapin est plus ardue que celle de la caille'', note Hocine qui explique que la préparation d'une caille sortie de cage ne prend que quelques minutes pour son abattage et plumage, tandis que celle du lapin est plus longue car nécessitant, outre l'abattage, la dépouille et le lavage, un temps de séchage de la viande. Les automobilistes qui passent par Boufar éprouvent d'énormes difficultés à résister aux odeurs des grillades qui excitent de manière éhontée leurs papilles en ce temps de jeûne, confient nombre d'entre eux rencontrés faisant la chaîne devant les grill-rooms de Boufar. La caille rôtie sur braise est cédée à 200 DA, le lapin à 1.200 DA et le prix ne semble être qu'un détail pour les jeuneurs. Pour les consommateurs réguliers de cailles, la viande de petit volatile, en sus de sa qualité gustative, est réputée pour avoir un effet thérapeutique sur certaines maladies dont l'anémie en raison de sa riche teneur en fer. Brahim, marchand ambulant de Khenchela, assure ainsi connaître beaucoup de malades atteints d'anémie, de diabète et d'arthrose qui se traite avec la viande de Skoura (appellation locale de la caille). La réputation de la viande de caille mais surtout son appréciation par son épouse, confie Brahim, sont les choses qui le poussent surtout durant le ramadhan à se déplacer de Khenchela à Boufar pour acheter des cailles rôties.