Le Pr Jean-Paul Grangaud, pionnier en matière de politique nationale de santé publique après l'indépendance, en raison de son engagement dans la lutte contre les maladies infantiles, est considéré comme l'un des artisans du calendrier national de vaccination pour enfants qui a permis à l'Algérie d'éliminer définitivement plusieurs maladies graves. Grâce à ce calendrier, l'Algérie a réussi à éliminer plusieurs maladies graves ayant fait plusieurs victimes durant les premières années de l'indépendance, à l'image du tétanos, de la rougeole, de la coqueluche, de la poliomyélite infantile et de la diphtérie, tout en contribuant à l'amélioration de l'état de santé et de l'espérance de vie des Algériens, qui est passée de 40 ans à l'époque coloniale à 80 ans ces dernières années. Dans un entretien accordé à l'APS à la veille de la célébration de la journée nationale de la vaccination, célébrée le 17 juin de chaque année, le Pr Grangaud, d'origine française, naturalisé algérien dans les années soixante-dix (1970), a affirmé que "ce calendrier est une fierté pour le pays, et ce avec l'attestation de l'OMS", plaidant pour "son renforcement, à l'avenir, afin de protéger les générations futures". "L'idée d'être au service de l'Algérie et de la choisir comme patrie m'est venue dès mon adhésion à la lutte pour la cause nationale, à l'âge de 24 ans, alors que j'étais médecin interne à l'hôpital d'El Kettar (Alger), et ce après avoir tissé des liens avec les militants du Front de libération nationale (FLN), entre 1961 et 1962, période où j'approvisionnais les moudjahidine de la Casbah en médicaments", a-t-il confié. Après l'indépendance, le jeune docteur s'engage dans un autre combat, celui de l'amélioration de la santé des Algériens, en devenant membre à la commission de la réforme sanitaire aux côtés du Pr Benadouda, avec lequel il a contribué à relancer le calendrier national de vaccination, avec l'appui de l'OMS, en vue de lutter contre les maladies infectieuses qui représentaient un réel danger pour les Algériens à l'époque. La première étape de l'application de ce calendrier consistait à "cibler les nouveau-nés au niveau du CHU Hassani Issaad de Beni Messous (Alger), et ce en coordination avec les services d'Etat civil", a-t-il rappelé, soulignant que l'opération a été élargie, par la suite, aux autres tranches d'âges". "J'ai éprouvé une joie immense et indescriptible en constatant la forte adhésion des citoyens algériens à cette opération, qui a permis, au fil du temps, l'élimination de la poliomyélite infantile et du tétanos en Algérie et l'a habilitée à obtenir les certifications de leur élimination d'organisations internationales", a-t-il ajouté en évoquant ses souvenirs. Fier de jouir de la nationalité algérienne En dépit du manque de moyens qui a marqué les premières années postindépendance, le Pr Grangaud a fait preuve d'une forte volonté et détermination à poursuivre sa mission et à aplanir tous les obstacles. "J'ai fait tout mon possible pour créer le service d'hôpital de jour mère-enfant à l'hôpital de Beni Messous, en vue de sauver de nombreuses vies", a-t-il dit. Après sa mutation à l'hôpital de Ain Taya (est d'Alger) en 1985, il a créé le service de pédiatrie, sans pour autant renoncer à son poste à l'hôpital de Beni Messous. Par ailleurs, il a sillonné les différentes régions du pays dépourvues de centres médicaux, en vue d'introduire la vaccination au profit des enfants des régions isolées et éloignées y compris au Sud algérien, en utilisant des moyens rudimentaires, dont une boite de refroidissement pour conserver les vaccins. Durant la décennie noire qu'a connue l'Algérie, M. Grangaud a préféré rester en Algérie, allant d'un établissement hospitalier à un autre, en vue d'accomplir son devoir, malgré les dangers et risques encourus. En 1994, il est désigné conseiller au ministère de la Santé où il était membre de la commission de la réforme de la santé, puis il devient Directeur de la prévention en 2002. Malgré son âge avancé (81 ans), le Pr Grangaud occupe toujours le poste d'expert en vaccins et en pédiatrie au ministère de la Santé, en sus de ses contributions aux côtés du Pr Messaoud Zitouni au développement et à la mise en œuvre du plan national de lutte contre le cancer 2015/2019. Outre son parcours riche en réalisations au service de l'Algérie, le Pr Grangaud ne visite la France que rarement. Il se dit "fier de jouir, ainsi que ses enfants (qui portent des prénoms arabes), de la nationalité algérienne et de vivre avec sa famille en Algérie".