La création d'un Comité de veille, de régulation, de contrôle et d'évaluation de la céréaliculture, décidée dimanche par le Gouvernement, constitue une nouvelle mesure de rationalisation des importations, visant à contenir l'érosion des réserves de change du pays. Chargé de "concevoir une approche claire, à court et moyen termes, en matière de rationalisation de la gestion et de l'importation des céréales", ce Comité, placé auprès du ministre des Finances et associant les ministres du Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture, aura à effectuer un audit global concernant le respect des obligations juridiques par l'ensemble des opérateurs activant légalement dans le domaine. Cette nouvelle mesure, annoncée dimanche lors d'un Conseil interministériel présidé par le Premier ministre, Noureddine Bedoui, s'inscrit dans le cadre de l'approche globale adoptée par le Gouvernement à l'effet de préserver les réserves de change à travers la limitation du recours à l'importation aux besoins réels du marché national, en plus de la rationalisation des subventions. Le 23 mai dernier, le Gouvernement avait donné son accord à de nouvelles mesures visant la régulation des importations des céréales et du lait, deux produits qui totalisent plus de la moitié des importations alimentaires du pays, dans le cadre d'une démarche visant la préservation des réserves de changes. En 2018, ces importations avaient atteint 3,73 milliards de dollars contre 2,2 milliards de dollars en 2017, soit une très forte hausse annuelle (+70%). Dans la même perspective de contenir les importations, les ministres des Finances et du Commerce ont été chargés d'élaborer une conception sur les mécanismes juridiques permettant au citoyen d'importer les véhicules d'occasion. Par ailleurs, le gouvernement avait approuvé la prolongation, pour un délai maximal d'une année, du paiement différé des importations, un mode de paiement adopté par certains secteurs. Une source bancaire avait précisé à l'APS que le paiement différé des importations est fixé jusque-là à 59 jours (deux mois). Ainsi, l'importateur pourra désormais négocier avec son fournisseur le paiement de sa facture d'importation avec un an de différé, au maximum. "Je pense que c'est une mesure intéressante pour réduire la pression sur les réserves de changes, car, en un an, il y aura des rentrées en devises qui vont équilibrer un peu les sorties", estime la même source. Dans le même sillage, un Comité de veille et de suivi de l'évolution des transferts en devises vers l'étranger a été mis en place, la mi-avril dernier, par le ministère des Finances dans le souci de renforcer la vigilance en matière de transactions financières avec le reste du monde. La loi de finances 2019 prévoit, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de change à 62 milliards USD en 2019, puis à 47,8 milliards USD en 2020 pour atteindre 33.8 milliards USD en 2021. A la fin novembre 2018, ces réserves étaient de 82,12 milliards de dollars. Durant le premier trimestre de l'année en cours, la balance commerciale de l'Algérie a connu un déficit de 1,37 milliards de dollars (contre 1,23 mds usd à la même période en 2018). Les importations ont reculé à 11,15 mds usd durant les trois premiers mois de l'année (- 0,83%). En 2018, elles se sont établies à 46,2 mds usd. Le déficit de la balance des paiements avait enregistré une importante baisse lors des neuf premiers mois de 2018, passant de 16,37 milliards USD en 2017 à 10,42 milliards USD en 2018 (-36,34) avec une hausse des exportations de pétrole et un léger recul des importations.