Des milliers de personnes manifestaient à Santiago et dans d'autres villes du Chili mercredi, au premier jour d'une grève générale susceptible d'attiser une crise sociale qui a déjà fait 18 morts, dont un enfant de quatre ans, ont rapporté des médias locaux. Ce petit garçon a été tué, ainsi qu'un jeune homme, quand un automobiliste ivre a foncé mardi sur un groupe de manifestants dans la région de Concepcion (sud-ouest), a annoncé le gouvernement. Outre les 18 morts, les troubles ont jusqu'à présent fait 269 blessés et abouti à environ 1.900 arrestations, selon l'Institut national des droits humains (INDH). A Santiago, qui, à l'instar de dizaines d'autres villes, a été placée en état d'urgence, les contestataires devaient se retrouver mercredi sur la Plaza Italia, au coeur de la capitale, où des centaines de milliers de Chiliens ont manifesté depuis vendredi. "Vive la grève. Nous le disons fort et clair : assez des hausses de prix et des abus", a tweeté mardi soir la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), la principale confédération syndicale du Chili, qui a appelé à un arrêt de travail de deux jours, comme une vingtaine d'autres organisations de travailleurs et d'étudiants. Toutes ont condamné la décision d'imposer l'état d'urgence dans neuf des seize régions, de recourir au couvre-feu et de faire intervenir les forces armées. Elles réclament l'abandon des mesures d'exception entrées en vigueur, insistant sur "le retour des militaires dans leurs casernes". Les puissants syndicats des mines de cuivre - dont le Chili est premier producteur mondial -, le personnel du secteur de la santé et les employés des ports ont rejoint le mouvement. Quelque 20.000 militaires et policiers ont en effet été déployés. Le Chili est en proie depuis vendredi à une crise sociale inédite depuis des décennies. Les manifestations, qui ont débuté pour protester contre une hausse du prix du ticket de métro dans la capitale, se sont rapidement étendues dans tout le pays.