L'enquête d'observateurs internationaux de l'Organisation des Etats Américains sur le décompte des résultats à l'élection présidentielle bolivienne va commencer jeudi, alors que les affrontements entre civils ont fait deux morts à Santa Cruz, centre névralgique de la contestation dans le pays. "Des vies humaines ont été perdues et c'est irréparable", a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi le ministre de la Défense, Javier Zabaleta, à la chaîne PAT. Il s'agit des premiers décès liés à la crise politique qui agite depuis plus d'une semaine la Bolivie, après la réélection lors d'un scrutin controversé du président Evo Morales, premier chef de l'Etat indigène et de gauche du pays, au pouvoir depuis 2006. Selon le journal local El Debe de Santa Cruz, les victimes sont deux hommes de 48 et 60 ans, tués par balles. Jeudi, des experts de l'OEA vont démarrer leur enquête sur le dépouillement, selon un accord négocié entre le gouvernement bolivien et cette organisation basée à Washington qui regroupe la plupart des gouvernements des Etats d'Amérique. La mise en place de cet audit ne devrait cependant pas apaiser les tensions entre pro et anti-Morales qui ont fait des dizaines de blessés et désormais deux morts: l'opposition a en effet déclaré mercredi qu'elle rejetait cette enquête dans les termes actuels. "L'audit sur lequel se sont mis d'accord l'OEA et le candidat du Mouvement pour le socialisme (parti d'Evo Morales) n'a pas pris en compte le pays, ni nos conditions, à commencer par le fait de ne pas reconnaître les résultats du décompte proclamés par le Tribunal suprême électoral, ainsi que la nécessité d'avoir des représentants de la société civile dans le processus", a expliqué Carlos Mesa, le rival libéral d'Evo Morales à l'élection présidentielle, qui a dirigé le pays entre 2003 et 2005. Luis Fernando Camacho, le président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation conservatrice rassemblant commerçants, entrepreneurs et simples citoyens, à la tête de la contestation, continue également de réclamer l'annulation de l'élection. Après de premiers chiffres partiels le soir du vote, qui laissaient entrevoir un second tour inédit, de nouveaux résultats, diffusés plus de 20 heures après, avaient pratiquement donné la victoire à M. Morales, suscitant de la part de l'opposition et des observateurs internationaux des soupçons de fraude. Cinq jours plus tard, le Tribunal suprême électoral annonçait la victoire d'Evo Morales, avec une avance de plus de dix points, lui permettant de s'imposer au premier tour.