Quelques milliers de manifestants se sont réunis lundi à Santiago pour commémorer le début, il y a tout juste un mois, d'un mouvement social sans précédent qui a remis en cause le modèle ultra-libéral chilien accusé de bénéficier seulement aux plus riches. "Le Chili s'est réveillé !" ont une fois de plus chanté les manifestants, environ 4.000, sur la Plaza Italia, devenue le centre névralgique du mouvement.Mais la mobilisation semble avoir marqué le pas, bien loin du rassemblement historique du 25 octobre, lorsque 1,2 million de personnes s'étaient réunies pacifiquement sur la place, marquant un tournant dans la contestation. Quelques très rares incidents isolés ont éclaté entre des groupes de manifestants et la police. Un appel à frauder dans le métro lancé le 18 octobre par des lycéens à Santiago après une hausse du ticket aux heures de pointe, suivi d'une flambée de violence, s'est transformé en la pire crise sociale connue par le pays sud-américain depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Jusqu'à cette date, les effets du changement climatique sur le pays et la préparation de la conférence internationale sur le climat COP 25 - depuis annulée - dominaient le débat politique. Aujourd'hui, le pays discute d'une nouvelle Constitution, ainsi que de la façon de réformer les systèmes de santé, d'éducation et de retraites, presque totalement privatisés. "Au cours des quatre dernières semaines, le Chili a changé. Les Chiliens ont changé, le gouvernement a changé, nous avons tous changé", a admis dimanche le chef de l'Etat conservateur, Sebastian Piٌnera qui, à l'instar du Parlement, a dû revoir son programme politique. Vendredi, les partis ont conclu un accord sur l'organisation d'un référendum en avril 2020 pour remplacer la Constitution, héritée de la dictature et accusée de maintenir de fortes inégalités dans la société en limitant au maximum l'intervention de l'Etat. En trente ans de démocratie, aucune tentative de remplacement du texte fondamental, rédigé en plein régime militaire de façon à ce que les secteurs conservateurs de la société puissent se maintenir au pouvoir, y compris après la fin de la dictature, n'avait abouti. "Nous sommes tous conscients que nous étions dans une camisole de force avec cette Constitution héréditaire et pétrifiée", a déclaré l'ex-président de centre gauche Ricardo Lagos (2000-2006), qui était parvenu en 2005 à une révision pour en éliminer les principes les plus anti-démocratiques. Un sondage de l'Institut Cadem a révélé dimanche que 67% des Chiliens considèrent comme "positif ou très positif" l'accord sur le référendum constitutionnel.