La colère des Irakiens s'accentue à l'aune des raids américains meurtriers contre des forces pro-gouvernementales irakiennes "Hachd al-Chaabi" à la frontière irako-syrienne, alors que le mouvement de protestation réclamant un changement politique est en attente d'aboutissement. En effet, plusieurs milliers de citoyens ont investi mardi, dès les premières heures de la matinée, l'ambassade des Etats-Unis à Baghdad pour crier haut et fort leur indignation et colère face aux derniers raids ayant fait 25 morts dimanche parmi les forces du "Hachd al Chaaabi", de tout temps impliquées dans la lutte anti-terroriste. "Mort à l'Amérique", "le Parlement doit dégager les troupes américaines, sinon c'est nous qui allons les dégager", "Fermez l'ambassade américaine à Baghdad", ont scandé les manifestants. La mort d'un sous-traitant américain "ne justifie nullement une telle atrocité et cruauté en guise de représailles", se sont indignés nombre de manifestants. "Les éléments du groupe Hachd al-Chaaabi on joué un rôle primordial dans la lutte des factions du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/ Daech) en Irak", ont indiqué, en outre, les manifestants. Le rôle du Hachd al-Chaabi dans la lutte antiterroriste ne s'est pas limité uniquement au territoire irakien, mais il s'est avéré également décisif sur les frontières irako-syriennes où plusieurs opérations ont été menées avec succès à ce niveau, ont fait observer pour leur part des analystes des questions internationales. La réaction édifiante des Irakiens contre la diplomatie américaine était, selon les observateurs attendue, tant beaucoup d'Irakiens sont habités par "le sentiment anti-américain". En effet, la présence des troupes américaines sur le sol irakien n'est plus justifiée aux yeux des Irakiens, s'accordent à dire les analystes politiques. Le Pentagone (ministère de la Défense américain) avait justifié l'attaque de dimanche par le fait que les positions de Hach al-Caabi contiennent des armes pouvant être utilisées contre les forces américaines et ses partenaires. "Les cibles comprenaient des installations de stockage d'armes et des postes de commandement qui ont été utilisés pour attaquer les forces américaines et ses partenaires en Irak", avait indiqué, Jonathan Hoffman, porte-parole du Pentagone des Etats-Unis. Le contexte politique est des plus altérés L'attaque américaine meurtrière contre des forces du "Hachd al-Chaaabi" intervient dans un contexte politique des plus altérés en Irak, et en plein mouvement de protestation réclamant un nouveau système politique "pour l'instauration d'un nouvel Irak". Le mouvement de protestation, enclenché depuis le 1 er octobre, est toutefois sur le point d'aboutir. Après la démission du Premier ministre, Adel Abdel Mahdi, fin novembre, le président, Barham Saleh, s'était dit, jeudi dernier, prêt à déposer sa démission devant le Parlement. Depuis le déclenchement du mouvement de protestation, le peuple irakien a vu concrétiser plusieurs réformes d'ordre socio-économique revendiquées depuis des années mais restées sans suite. "Le nouvel Irak doit être fondé", affirment les Irakiens qui continuent à manifester chaque vendredi, pour "un système politique transparent et juste" et réclamant que la répartition des richesses du pays doit se faire sur le pied d'égalité et profiter exclusivement aux Irakiens. A ce propos, les Irakiens réclament le départ des entreprises et sociétés américaines et des sociétés multinationales qui ne font que pomper les richesses sous-terraines du pays en leur profit. L'exploitation des richesses irakiennes par les sociétés étrangères est, selon les Irakiens, à l'origine de la pauvreté et du chômage qui frappe la société irakienne. Quelque 460 personnes ont été tuées et 25 000 blessées depuis le déclanchement du mouvement de protestation en Irak.