Le mouvement de contestation de la classe politique en Irak est divisé entre ceux désirant donner une chance au Premier ministre désigné, Mohammed Allawi, comme le réclame le dignitaire religieux Moqtada Sadr et ceux qui y sont opposés. Lundi, deux camps se sont dressés l'un face à l'autre sur les places de Baghdad et du sud de l'Irak: d'un côté, les partisans de Sadr sous des tentes qui restent dans la rue à l'appel de leur leader, de l'autre les manifestants anti-gouvernementaux, majoritairement jeunes, qui veulent en découdre et qui refusent tout politicien ayant de près ou de loin servi un système qu'ils rejettent en bloc, rapportent les médias. Samedi déjà, des dizaines de manifestants partisans de Moqtada Sadr avaient pris d'assaut un "restaurant turc", surplombant l'emblématique place Tahrir de Baghdad, véritable "tour de contrôle de la révolution" occupée durant des mois par les manifestants. A Nassiriya, là où la désobéissance civile a été l'une des plus fortes, une figure de la contestation, Alaa al-Rikaby, a proposé de s'opposer aux partisans de Sadr. "Prenons l'initiative, rouvrons les écoles et les administrations dès demain pour ne laisser cette opportunité à personne d'autre", a-t-il lancé dans une vidéo postée sur Twitter. Ce pharmacien de formation a toutefois aussitôt ajouté, renvoyant dos-à-dos sadristes et autorités: M. Allawi n'est "pas le choix du peuple". A Bassora, la grande ville du sud côtier, les étudiants ont déplacé leurs tentes pendant la nuit, s'éloignant de celles occupées par les sadristes. "Si les sadristes s'approchent, ne les approchez pas, ne créez pas de problème", lancait un haut-parleur. M.Allawi, qui a été ministre des Télécommunications de 2006 à 2007 puis de 2010 à 2012, a un peu moins d'un mois pour former son gouvernement qui devra obtenir la confiance du Parlement. Samedi soir, il a promis un gouvernement représentatif et des élections anticipées, assurant également que justice serait rendue dans la mort des manifestants. Et dans la nuit de dimanche à lundi, il a appelé les manifestants à "éteindre les étincelles de la crise". "Sinon, nous perdrons toutes les avancées énormes déjà réalisées et entraînerons notre pays dans l'abîme", a-t-il averti.