Le président de l'Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, va prononcer mardi un discours devant le Conseil de sécurité des Nations Unies au nom du peuple palestinien dans le but de contrer le plan de paix américain pour le Proche-Orient "deal du siècle" et la "vision" de l'administration Trump pour une paix israélo-palestinienne. Mahmoud Abbas était attendu à New York pour rassembler un soutien quasi unanime contre la "vision" de l'administration Trump pour une paix israélo-palestinienne. "Un projet de résolution incluant le rejet de l'accord Trump-Netanyahu sera présenté au Conseil de sécurité", a déclaré, Saleh Rafat, membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en référence au projet américain pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien. Les diplomates de l'ONU étaient tombés d'accord sur un texte de résolution qui devait permettre au Conseil de sécurité de se situer sur le dossier israélo-palestinien. En filigrane, le résultat de ce scrutin aurait reflété la perception de la communauté internationale du "plan pour la paix" "Les négociations autour du texte continuent, a confié une source diplomatique. La mise au vote est reportée sine die". De nombreux diplomates étaient pourtant confiants que la résolution rassemble assez de voix favorables si elle avait été proposée au vote, sa dernière version étant plus consensuelle : elle s'abstenait de condamner le plan américain pour le Proche-Orient ou de citer les Etats-Unis, réaffirmait l'attachement à la solution des deux Etats et au respect du droit international. "Le texte aurait eu au moins 11 voix pour – peut-être même 12 – et les Etats-Unis auraient été obligés de mettre un veto", détaille un autre diplomate. Mais l'Autorité palestinienne n'en était pas aussi certaine. Le plan américain, présenté la semaine dernière à Washington par le président Donald Trump avec à ses côtés le chef du gouvernement de l'occupation israélienne Benjamin Netanyahu, et conçu par le gendre du président américain, Jared Kushner, a reçu un rejet catégorique de la part des Palestiniens. Le plan prévoit notamment de faire d'El Qods occupée la capitale de l'entité israélienne qui pourrait aussi annexer les colonies juives en Cisjordanie occupée, en particulier dans la vallée du Jourdain. Selon M. Rafat, le plan américain va à "l'encontre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur le conflit palestinien". Si les Etats-Unis, qui sont l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, imposent leur véto pour bloquer la résolution des Palestiniens, ceux-ci s'adresseront à l'Assemblée Générale, a souligné M. Rafat. Le représentant de la délégation palestinienne à l'ONU, Ryad Mansour, a en outre précisé mercredi à la radio Voix de Palestine, que Mahmoud Abbas devait arriver lundi à New York pour s'adresser le lendemain au Conseil de sécurité. Lundi soir, des informations ont circulé que les Palestiniens renonceraient au vote, faute d'appui international suffisant. Mais selon Saeb Erekat, négociateur des Accords d'Oslo, ces rumeurs sont infondées. En tout cas, la venue de Mahmoud Abbas à l'ONU n'est pas remise en cause. Le président de l'Autorité palestinienne y tient, il s'adressera à l'Assemblée générale des Nations unies pour qu'une conférence internationale facilite des négociations entre égaux avec Israël. C'est en tout cas le début d'une offensive diplomatique dans laquelle Mahmoud Abbas n'a toujours pas perdu espoir. Il avait déjà constaté la sidération du plan Trump sur ses alliés européens qui l'ont repoussé, mais sans éclats. La Ligue des Etats arabes, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et l'Union africaine (UA) ont rejeté le plan de paix. Dans les rues de Ghaza, les manifestations pour dénoncer le plan Trump se succèdent. Rien que lundi, deux rassemblements avaient lieu. Sur l'une des places centrales de la ville, quelques dizaines de femmes avaient ainsi répondu à un appel à la mobilisation lancé par le mouvement "Fatah".