Les membres du Conseil de la nation ont mis l'accent, samedi, sur l'impératif d'une profondes réformes des systèmes financier et fiscal et de la poursuite des efforts de lutte contre la corruption, à tous les niveaux. Au terme de la présentation du Plan d'action du gouvernement par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad lors d'une plénière présidée par Salah Goudjil, président du Conseil de la nation par intérim, Salah Goudjil, les sénateurs ont appelé à la libération du foncier industriel de toute manipulation, monopole et spéculation et à l'accélération de profondes réformes dans les systèmes financier et fiscal, en comptant sur les cadres compétents et intègres et de lutter contre la corruption à tous les niveaux. Le décollage économique ne peut intervenir sans la révision des mécanismes régissant le système financier, bancaire et fiscale, étant l'épine dorsale du développement, ont ils estimé. Pour le sénateur Nacer Bennebri du Front de libération nationale (FLN), les secteurs tels que l'agriculture, la pêche et le tourisme offrent de grandes potentialités d'investissement à même de relancer l'économie nationale, de la diversifier et de la libérer de sa dépendance aux hydrocarbures. Une dynamique économique ne peut être réalisée sans la valorisation de ces trois secteurs et l'accompagnement des porteurs de projets. Pour sa part, M. Hamid Bouzekri du Rassemblement national démocratique (RND) a déclaré que l'agriculture est le secteur le plus à même de diversifier les sources de revenus et d'absorber le chômage. Il appelle, dans ce cadre, à garantir le foncier agricole, notamment dans les zones montagneuses nécessitant des investissements pour leur développement. De son côté, Abdelkader Moulkheloua (RND) a évoqué la question des compétences nationales, appelant à créer un dispositif pour l'élaboration d'un fichier des hauts cadres afin d'optimiser l'utilisation de leurs expériences et d'intensifier les efforts de lutte contre la corruption. La relance du système financier et fiscal passe par un assainissement de l'administration des corrompus, notamment au plan local, estime-t-il. De son côté, le membre du Rassemblement national démocratique (RND), Mohamed Khelifa a plaidé pour la mise en place de mécanismes à même de garantir la transparence en matière de code des marchés publics et de bureaux de change, en sus d'une commission pour le recensement et la relance des entreprises économiques. Il a appelé, en outre, à la révision de la loi sur l'activité des banques étrangères en Algérie ainsi que l'octroi de crédits saisonniers et à moyen terme aux jeunes désirant se lancer dans l'investissement. Pour sa part, le membre du RND, Abdelhalim Latrache a salué la création d'un ministère délégué chargé des Statistiques et de la Prospective, appelant, à ce propos, à l'élargissement de ses prérogatives au suivi et à l'orientation en vue de permettre à l'actuel gouvernement de rationnaliser les dépenses. La membre du Conseil de la Nation au titre du Tiers présidentiel, Nouara Saadia Djaafar a, quant à elle, indiqué que l'Algérie ne pourrait s'affranchir de la dépendance aux hydrocarbures que si elle s'orientait vers les énergies alternatives qu'elle recèle. Elle a estimé, dans ce sens, que la production de 15.000 mégawatts à l'horizon 2035, prévue au Plan d'action du gouvernement était "insuffisante" et que "l'échéance était longue et le chiffre modeste". La sénatrice a par ailleurs plaidé pour l'investissement dans le capital humain en matière d'éducation, d'enseignement supérieur et de formation des compétences, en tant que pierre angulaire de la relance de l'économie nationale. De son côté, la sénatrice Leila Brahimi (Tiers présidentiel) a mis en avant l'impératif de lutter contre la corruption et de consacrer les principes d'impartialité et de transparence pour la relance d'une économie forte, appelant, à ce titre, à la création d'une haute instance pour le renforcement de ces deux principes. Pour sa part, le membre du Parti du Front de libération national (FLN), Mahmoud Kissari a prôné l'ouverture de l'investissement dans les domaines de l'habitat et du transport, tandis que la sénatrice du Tiers présidentiel, Louisa Chachoua a appelé à booster le développement à travers l'encouragement de l'investissement productif et la mise en place de mécanismes permettant d'éradiquer rapidement l'économie parallèle. Elle a en outre ajouté que les activités non déclarées entrant dans le cadre de l'économie parallèle ont aggravé le phénomène de l'évasion fiscale, affirmant que les bénéfices du marché parallèle s'élevait annuellement à 10 mds USD, "sans que les banques n'en bénéficient", a-t-elle dit. Les débats autour du Plan d'action du gouvernement se poursuivront dimanche au niveau du Conseil de la Nation, avant la réponse du Premier ministre et le vote. Le plan d'action du gouvernement avait été adopté jeudi par l'Assemblée populaire nationale.