Au lendemain de la clôture des réunions de l'OPEP et ses alliés, sans aboutir à un consensus autour des mesures à prendre pour enrayer la chute des cours de pétrole, l'expert dans les questions énergétiques, ancien P-dg de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, évoque les répercussions de la guerre des prix qui va faire tomber les cours autour des 30 dollars sur plusieurs semaines ou plus. Il estime, dans cet entretien accordé à l'APS, nécessaire que l'OPEP poursuive les concertations pour une autre réduction "même modeste". - QUESTION: Les membres de l'OPEP et leurs alliés n'ont pas parvenu vendredi dernier à un accord sur une réduction supplémentaires de la production de pétrole, afin d'enrayer la chute des cours causée notamment par l'épidémie de Coronavirus. Quelles sont à votre avis les causes de cet échec ? Et quelles répercussions sur l'avenir de l'Acoord de coopération entre les deux parties ? - Abdelmadjid Attar: Pour le moment il n'y a que la Russie et l'Arabie Saoudite qui sauront répondre à cette question, étant donné qu'il s'agit des deux principaux producteurs dans l'OPEP+, qui étaient susceptibles de supporter l'essentiel de la réduction projetée de 1,5 million baril/jour, mais dont les intérêts et même les "calculs" aussi bien économiques que géopolitiques sont très divergents. Avant l'avènement du Coronavirus, les pays de l'OPEP et leurs alliés faisaient face à un marché pétrolier influencé par la baisse des consommations liée à la récession économique et une compétition entre producteurs avec notamment les USA et leur production de pétrole et gaz de schiste. Un seul espoir persiste, parce qu'à moins de 40 dollars, il est possible qu'une partie de la production américaine de pétrole de schiste chute à beaucoup moins de 8,5 million b/j, leur production totale étant aujourd'hui de 13 million b/j. Pour l'Algérie, les conséquences sont déjà définitivement négatives sur l'ensemble des prévisions économiques et budgétaires puisque notre propre loi des finances a été établie sur la base d'un baril à 60 dollars. Une loi de finances complémentaire est inévitable avec un recours probablement plus intense aux réserves financières du pays. C'est plus que jamais le moment d'engager sérieusement et rapidement des réformes profondes à tous les niveaux.