L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés non-Opep, dont la Russie, tiendront des réunions aujourd'hui et demain pour tenter de trouver une réponse à la rechute des cours. Plus que jamais, le marché déborde de pétrole suscitant une nouvelle déprime des prix. En un mois, le cours du Brent a chuté de 22%. La baisse de la demande de pétrole de la part de la Chine suite à la propagation du coronavirus compte pour une bonne part dans cette chute des cours. Le prix de référence du Brent était d'environ 52 dollars le baril hier, un niveau qui fait que de nombreux pays de l'Opep auront du mal à atteindre un équilibre dans leur budget. Un mois à peine après la reconduction de l'accord signé fin 2016 entre les membres de l'Opep et les 10 pays producteurs non-membres, et visant à soutenir les prix du baril par une réduction de leur production, voilà que l'organisation se demande s'il n'y a pas lieu d'aller plus loin encore. En effet, les réductions actuelles n'ont pas été suffisantes pour contrer l'impact du virus sur la Chine, le plus grand importateur de pétrole au monde, et sur l'économie mondiale, les usines étant perturbées, les voyages internationaux et autres activités ralentis, ce qui limite la demande de pétrole. C'est dans cette conjoncture qu'intervient la réunion de l'Opep et de l'Opep+ aujourd'hui et demain à Vienne. Le comité technique composé de plusieurs représentants des pays membres de l'Opep, de la Russie et d'autres producteurs a recommandé mardi de réduire la production d'un million de barils supplémentaires par jour au cours du seul deuxième trimestre. Il a également recommandé de prolonger les réductions actuelles de l'Opep+, qui s'élèvent à 2,1 millions de barils par jour, jusqu'à la fin de 2020. L'Opep espère couper plus d'un million de barils, mais le défi reste de convaincre la Russie. Jusqu'à hier, l'Arabie saoudite et d'autres membres de l'Opep ont cherché à persuader la Russie de se joindre à eux pour réduire encore plus la production de pétrole. Pour sa part, la Russie a laissé entendre qu'elle pourrait être prête à accepter de prolonger les réductions actuelles, qui expirent en mars, mais il pourrait être difficile d'accepter de nouvelles réductions. Le problème auquel sont confrontés les producteurs de pétrole est compliqué puisqu'il s'agit d'une crise de la demande, contrairement à la situation d'offre excédentaire typique que le marché a souvent connue au cours des six dernières années. La crise du coronavirus est liée à l'effondrement de la demande. Dans ce contexte, on voit mal l'Opep et ses alliés choisir de laisser glisser les prix avec l'espoir que l'épidémie de coronavirus ne s'étendra pas sur une longue période. Opter pour cette voie comporterait beaucoup de risques pour certains membres de l'Opep. Ceux pour qui une chute des prix du baril rendrait encore plus compliqué le financement de leur budget national. L'Arabie saoudite et les autres pays membres dont l'Algérie, très dépendants des cours du pétrole, devraient faire tout leur possible pour un gel important de la production, même si la Russie qui a une économie plus diversifiée décide de ne pas fournir des efforts similaires à ses alliés. En somme, la question n'est plus de savoir s'il y aura accord sur une réduction supplémentaire de la production de pétrole, mais plutôt de combien. Selon le Financial Times, l'Arabie saoudite pourrait demander une réduction de la production mondiale d'un million de barils par jour ce qui porterait à 3,1 millions de barils la baisse de production totale depuis quelques mois. Mais Bloomberg estime que, pour la Russie, ce serait trop. Ses spécialistes s'attendent à un accord aux alentours de 750 000 barils de pétrole en moins. "Bien que de telles baisses de la production mondiale puissent aider à normaliser les stocks plus tard cette année, elles restent bien en deçà de la perte de demande attendue", a déclaré Goldman Sachs dans une note mardi, alors qu'elle prévoyait un excédent mondial de 1,65 million de barils par jour pour le premier semestre 2020.