Le peuple sahraoui sans défense continue de pâtir des affres des mines, et autres restes explosifs, vestiges de la guerre avec l'occupant marocain, qui fauchent chaque année des vies et causent des handicaps a beaucoup de civils, a révélé le président de l'Association sahraouie des victimes des mines antipersonnel (ASAVIM), Aziz Haidar. Dans un entretien à l'APS, à l'occasion de la Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines (4 avril), M. Haidar a précisé que "le cessez-le-feu signé entre le Front populaire de libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario) et l'occupant marocain en 1991 n'a pas eu de véritable incidence sur le peuple sahraoui qui a continué depuis à vivre sous la menace des mines et des bombes à sous-munitions". Alors que le monde s'apprête à célébrer la Journée internationale pour la sensibilisation au problème des mines et l'assistance à la lutte antimines, l'occupant marocain s'entête encore à refuser de signer les conventions internationales interdisant l'utilisation de ces armes létales et de coopérer avec les instances et organisations internationales qui œuvrent pour le déminage de la région. A cet égard, M. Haidar a rappelé que l'occupant marocain avait posé plus de 7 millions de mines terrestres le long du mur de séparation (mur de la honte) érigé par le Maroc dans les années 1980 sur 2.720 km pour diviser le Sahara occidental et séparer les familles sahraouies. Et d'ajouter que "le mur de la honte ayant été érigé essentiellement sur les hauteurs, les mines sont emportées par les crues vers des régions censées être sécurisées". L'ASAVIM a recensé 1.600 victimes à l'est du mur de la honte, soit dans les territoires libérés de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), et dans les camps de la fierté et de la dignité, sachant que ce premier recensement ne comprend pas les morts. Des rapports font, par ailleurs, état d'un total de "2.500 victimes à l'est du mur, dont 8% de femmes", selon M. Haidar. "Chaque année, entre 6 et 12 explosions de ces corps explosifs sont enregistrées et plus de 220 victimes ont été recensés depuis le cessez-le-feu », a fait savoir M. Haidar, lui-même victime d'une mine qui lui a causé un handicap moteur. "Les territoires du Sahara Occidental figurent parmi les dix pays les plus minés au monde. Le peuple sahraoui ne souffre pas uniquement du danger des mines, car les territoires sahraouis renferment des corps explosifs, à l'instar des roquettes et des bombes non explosées héritées de la guerre outre de nombreuses bombes à sous-munitions qui explosent au touché et constituent un danger tant pour l'être humain que pour l'animal. "Les spécialistes ont découvert dans la région, des mines fabriquées après le cessez-le-feu, ce qui confirme qu'elles ont été replantées par l'armée d'occupation marocaine", a-t-il fait savoir. Le Front Polisario avait dénoncé, à travers la campagne internationale contre le mur de la honte de l'occupant marocain au Sahara Occidental, "le danger" que représente ce mur, étant le plus grand champ de mines dans le monde. De son côté, l'ONU a exprimé ses appréhensions quant à la propagation des mines le long du mur de séparation, appelant à conjuguer les efforts onusiens pour trouver une solution qui puisse garantir l'autodétermination du peuple sahraoui. Engagement sahraoui pour l'élimination des mines face à un refus marocain pour assainir les champs de la mort Au moment où la RASD fait montre d'un grand sens des responsabilités et de son ferme attachement à ses engagements concernant l'élimination des mines et munitions non explosées, le Maroc s'obstine à refuser la signature de "la Convention d'Ottawa" sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction ainsi que la Convention sur les armes à sous-munitions. Les autorités sahraouies ont détruit tout l'arsenal de mines pris comme butin de l'Armée d'occupation marocaine durant les années de guerre. A ce propos, le président de l'ASAVIM a indiqué que "le Front populaire de libération de la Saguia el-Hamra et du Rio de Oro a ratifié, en 2005, de son plein gré, la Convention de l'Appel de Genève sur l'interdiction des mines antipersonnel, rejoignant ainsi les pays signataires de la Convention internationale de Genève. Le Front Polisario a procédé, ensuite, à la destruction de son stock en mines sur 8 étapes, la récente remontant à janvier 2019, avec 20493 mines neutralisées, ce qui dénote de son engagement international aux termes de cette convention, a-t-il noté. Dans ce contexte, la RASD a présenté deux rapports, à titre volontaire, conformément à l'article VII du Traité d'Ottawa et à la Convention sur l'interdiction des armes à sous-munitions, au Bureau de Nations Unies pour les affaires de désarmement à Genève en 2014. Une geste dénotant du soutien et de l'engagement de la RASD aux principes et objectifs des traités internationaux de lutte antimines antipersonnel et armes à sous-munitions. Ces démarches ont été largement saluées par la Communauté internationale, en tête desquels, l'ONU. Les Autorités sahraouies et les organisations de défenses des droits de l'Homme ont appelé la Communauté internationale, en particulier l'ONU, à faire pression sur le Maroc afin qu'il respecte les deux traités d'Ottawa et d'Oslo relatifs à l'interdiction des mines anti-personnel et des bombes à sous-munitions, et permettre aux organisations de déminer la zone-tampon. Le même responsable sahraoui affirme, à ce propos, que l'Association sahraouie des victimes des mines a interpellé, à maintes reprises, l'ONU et la Communauté internationale, en vue de faire pression sur le Maroc pour l'emmener à se conformer à la volonté internationale, à signer les deux traités d'Ottawa sur l'interdiction des mines anti-personnel et d'Oslo sur l'interdiction des bombes à fragmentation et à démanteler le mur marocain de la honte qui divise le territoire et les familles. L'ASAVIM a également demandé avec insistance, l'amendement des chapitres de l'accord militaire (n1) entre le Front Polisario et l'occupant marocain, relatifs à la zone tampon qui s'étend tout au long du mur de séparation marocain et dont la largeur de dépasse pas 5 km, afin que les organisations internationales spécialisées dans le déminage puissent neutraliser les mines qui y sont implantées, indique M. Haidar