L'ONG Amnesty International a réagi samedi à la campagne de diffamation orchestrée à son encontre par le gouvernement marocain, lui rappelant dans la foulée son sinistre bilan des droits de l'homme. "Les attaques des autorités marocaines contre la crédibilité d'Amnesty International et la campagne de dénigrement orchestrée contre le bureau d'Amnesty à Rabat montrent à quel point elles (les autorités) sont devenues intolérantes à l'égard de l'examen et des critiques légitimes de leur bilan en matière de droits humains", déplore l'ONG. Les attaques contre Amnesty se sont accentuées depuis la publication le 22 juin dernier d'une enquête sur le piratage du téléphone d'Omar Radi, journaliste et fervent détracteur du bilan des droits humains au Maroc. L'ONG a découvert que le téléphone d'Omar Radi avait été la cible de plusieurs attaques au moyen d'une nouvelle technique sophistiquée permettant d'installer de façon invisible Pegasus, logiciel espion produit par la firme israélienne NSO Group. Lire aussi: Maroc: Amnesty International dénonce la restriction de la liberté d'expression et des procès "iniques" " Les preuves techniques extraites du téléphone d'Omar Radi indiquent clairement que Pegasus a été installé avec une forme particulière d'attaque numérique identifiée comme une injection réseau ", affirme l'ONG. Acculé au mur, le gouvernement marocain s'agite pour repousser ces accusations confirmées. Des sources gouvernementales qui se sont confiées à des médias marocains évoquent une prochaine fermeture du bureau d'Amnesty à Rabat, lui rappelant au passage la suspension de leur coopération. L'ONG dit avoir été faussement accusée par le gouvernement marocain. Ce dernier a prétendu qu'Amnesty lui a refusé un droit de réponse aux conclusions du rapport. Obstruction aux activités d'Amnesty Dans son communiqué, l'Organisation révèle qu'elle a informé les autorités marocaines du contenu de l'enquête le 9 juin, soit deux semaines avant sa publication, via une lettre officielle envoyée par e-mail à cinq fonctionnaires du ministère des Droits de l'homme. Dans la même lettre, Amnesty a invité le gouvernement à fournir des commentaires à inclure dans le rapport. Sa demande est restée lettre morte. Et rappelle dans la foulée que " ce n'est pas la première fois que des efforts sont déployés pour saper le travail d'Amnesty " au Maroc, soulignant que ces attaques " coïncident avec une répression croissante" dans le pays. " Des dizaines de militants des droits de l'homme, de journalistes indépendants et de manifestants sont actuellement en prison ", dénonce l'Organisation avant de déplorer une obstruction aux activités de son bureau à Rabat. Ce n'est pas la première fois que les activités d'Amnesty International sont entravées au Maroc. En juin 2015, deux enquêteurs d'Amnesty International qui documentaient la situation des migrants et des réfugiés ont été expulsés du pays malgré l'assurance du gouvernement que l'organisation pourrait mener des missions sur simple notification. Les autorités marocaines ont un lourd passé dans l'instauration de mesures punitives pour détourner l'attention de leur sombre bilan en matière de droits humains, précise l'ONG. " Ce faisant, ils confirment précisément ce que les enquêteurs d'Amnesty International ont révélé au cours de ces derniers mois : la tolérance zéro du gouvernement vis-à-vis de la liberté d'expression ", commente Heba Morayef, directrice d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.