"Les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales en matière de protection des réfugiés en bloquant un groupe de 25 réfugiés syriens dans une zone désertique à la frontière entre le Maroc et l'Algérie et en les privant de la possibilité de demander l'asile et de recevoir une aide humanitaire d'urgence", a affirmé l'ONG Amnesty International dans un communiqué rendu public jeudi. "Ces Syriens, parmi lesquels figurent 10 enfants, sont bloqués depuis deux mois dans une zone tampon située sur le territoire marocain, à un kilomètre de l'oasis de Figuig, au Maroc, et à cinq kilomètres de Béni Ounif, en Algérie. Ils ont jusqu'à présent survécu grâce à l'aide et aux denrées fournies de manière informelle par des habitants de Figuig, avec l'aide de la police des frontières marocaine, mais cette aide s'est interrompue le vendredi 2 juin 2017 au matin, selon les réfugiés", ajoute la même source. Cette dernière ajoute que la police des frontières marocaine n'a pour l'instant autorisé aucun groupe marocain de défense des droits humains ni aucune organisation humanitaire, y compris le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à se rendre sur place. Heba Morayef, directrice des recherches pour l'Afrique du Nord à Amnesty International, a notamment souligné qu'"En refusant aux réfugiés syriens la possibilité d'entrer en contact avec le HCR, les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales. Ces personnes ont fui des massacres et des bombardements en Syrie et sont venues chercher la sécurité dans un autre pays ; les autorités marocaines doivent leur accorder le droit de demander l'asile". "Le gouvernement marocain a jusqu'à présent soutenu que ces réfugiés ne se trouvaient pas sur son territoire. Amnesty International a examiné les données cartographiques et les images satellites publiquement disponibles, et a confirmé à partir des données GPS qu'ils se trouvaient bien en territoire marocain", a précisé l'ONG de défense de droits de l'Homme. Elle a expliqué que "le HCR n'est pas présent dans cette zone frontalière et n'est autorisé à enregistrer directement les demandeurs d'asile que dans un seul bureau situé à Rabat, la capitale du Maroc. Dans d'autres régions du pays, les réfugiés peuvent aussi se faire enregistrer auprès de quelques partenaires locaux, mais aucun de ces partenaires n'est présent dans cette zone frontalière". Rappelant l'itinéraire emprunté par les réfugiés syriens, Amnesty souligne qu'"au lieu de renvoyer de force les réfugiés syriens dans une zone tampon aride et désertique, où leurs conditions de vie se dégradent, les autorités marocaines doivent de toute urgence leur apporter une aide humanitaire et autoriser les organisations humanitaires à se rendre sur place pour évaluer leurs besoins. Rien ne saurait justifier que l'on prive des réfugiés de l'accès à la nourriture et à l'eau". Merzak T.