Le président du parti Talaie El Hourriyet par intérim, Abdelkader Saadi a affirmé, mardi à Alger, que l'Algérie nouvelle nécessitait une Constitution totalement différente de la précédente, à condition d'assurer "l'adhésion de tous les Algériens" à son enrichissement. Lors d'une conférence de presse consacrée à la position du parti vis-à-vis de l'avant-projet de révision de la Constitution, M. Saadi a précisé que ce document "requiert l'adhésion de tous les Algériens pour qu'ils puissent ressentir que la Constitution est la leur et qu'elle est complètement différente de la précédente qui consacrait le totalitarisme et l'autocratie". La révision de la Constitution devrait, selon M. Saadi, être précédée de "la révision des deux lois organiques relatives aux partis politiques et au régime électoral, en vue de pallier les insuffisances, de l'assainir de tout foyer de fraude et de dresser des barrières pour empêcher l'intrusion de l'argent sale dans l'espace politique". Quant au pouvoir judiciaire, le président de Talaie El Hourriyet par intérim a appelé à "une réforme totale" de la loi fondamentale de la magistrature, ainsi qu'au "soutien du rôle et des prérogatives du Haut conseil de la magistrature (HCM) auquel incombe le devoir de donner toute sa signification à l'indépendance de la Justice, en consacrant son autorité, à commencer par les conditions de recrutement et la formation des magistrats, ainsi que le suivi et la gestion de leur carrière professionnelle". Talaie El Hourriyet a plaidé, par ailleurs, pour l'impérative "révision de la loi organique relative à l'Autorité indépendante des élections (ANIE), afin de lui conférer toutes les prérogatives et moyens garants de la transparence, de la crédibilité et de la régularité des élections", tout en proposant "la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN) et l'élection d'une nouvelle Assemblée à laquelle sera concédé le pouvoir de jeter les bases de la Constitution". S'agissant du pouvoir exécutif, Talaie El Hourriyet a recommandé "le rétablissement total de la fonction de chef du Gouvernement et du Conseil du Gouvernement, avec une répartition rationnelle des prérogatives au sein même de l'exécutif, à condition que le Gouvernement soit impérativement composé de la majorité parlementaire et doit se soumettre à l'obligation redditionnelle devant l'APN". Concernant le pouvoir législatif, les propositions du parti ont porté sur "le renforcement des pouvoirs du Parlement en matière d'initiative législative, de contrôle des actions de l'appareil exécutif et d'évaluation des politiques publiques, des enquêtes et des investigations". Il a proposé, dans ce sens, "la suppression du Conseil de la Nation, étant donné que les conditions à l'origine de sa création ne sont plus valables", soulignant que "le maintien du Conseil constitue un facteur de complexité institutionnelle, outre les difficultés et ses lourdes charges sur le budget de l'Etat qui a besoin de toutes les ressources". Emettant des remarques sur le préambule de l'avant projet de la Constitution, Talaie El Hourriyet a avancé, à titre d'exemple, que "la Déclaration du 1e novembre, ce fondement de la Nation qui traduit la volonté du peuple algérien d'édifier un Etat démocratique dans le respect des préceptes de l'Islam, ne figure pas dans le préambule". Le parti a estimé, que le préambule "a résumé le Hirak populaire du 22 février 2019 en de simples revendications appelant à de profondes mutations sociales, sans évoquer pour autant ses revendications politiques, à savoir: le changement radical du système, la condamnation de toute forme de corruption et le besoin incessant d'une justice indépendante". Répondant à une question sur le climat sociopolitique marquant l'examen du projet d'amendement constitutionnel, M. Saadi a fait état de "la conjoncture difficile induite par la propagation de la pandémie de la Covid-19", insistant sur l'impérative "consécration des efforts de l'Etat pour venir à bout de cette crise sanitaire et sensibiliser le peuple quant à ses risques et dangers".