Des professionnels de la santé versés dans la lutte contre le nouveau coronavirus (Covid-19) à Aïn Defla ont relevé l'importance de recourir à des images "chocs et insoutenables" de personnes souffrant du redoutable virus en guise de réplique au "laxisme" de certains citoyens et leur refus d'observer les mesures barrières à même de permettre l'endiguement de la pandémie. Tout en mettant l'accent sur la nécessité de poursuivre la sensibilisation inhérente aux dangers encourus par le non-respect des mesures barrières édictées par les pouvoirs publics, ils ont estimé que pour des considérations liées notamment au facteur temps et à la recrudescence des cas de contaminations à la Covid-19, il devient absolument urgent de "passer à la vitesse supérieure" pour convaincre les partisans du déni de l'existence de la maladie et les mettre "dos au mur". "Alors que le monde ne cesse, chaque jour que Dieu fait, de recenser les milliers de décès causés par le virus, ne voilà-t-il pas que des +esprits éclairés+ en arrivent jusqu'à remettre en cause l'existence même de cette maladie, l'assimilant à une pure affabulation", regrette le responsable du service de mise en quarantaine des malades présentant des symptômes du nouveau coronavirus à l'hôpital de Aïn Defla, Dr. Omar Belabbassi. Se référant à l'adage selon lequel "une image vaut mieux que mille discours", ce spécialiste des maladies respiratoires et allergiques, actuellement confiné chez lui après qu'il eut été contaminé à la Covid-19 par l'un de ses patients, soutient que le recours à des images montrant le gémissement des malades en bute à une détresse respiratoire, sont à même de convaincre les plus sceptiques quant au caractère extrêmement dangereux de la maladie. Il a averti que si des mesures plus draconiennes ne sont pas prises pour stopper la recrudescence de la maladie ou, tout au moins, en atténuer de l'avancée, il n'est pas exclu qu'à l'allure où vont les choses, des records en matière de contamination soient atteints, appelant à tirer profit de l'enivrement des Algériens pour les vidéo pour leur faire prendre conscience de la dangerosité de la situation. Il a, dans ce contexte, préconisé que des personnes guéries de la Covid-19, ou dont un proche ou ami en a été infecté ou en est décédé, s'expriment sur Internet en vue de relater tout ce qu'elles ont enduré, suggérant l'implication de spécialistes et du mouvement associatif pour commenter certains aspects. Selon lui, cette "offensive" est une étape "nécessaire" avant d'entamer la seconde consistant à expliquer à la population qu'en l'absence d'un vaccin, la cohabitation avec le virus "est inéluctable". Lire aussi : Coronavirus : 587 nouveaux cas, 246 guérisons et 13 décès en Algérie durant les dernières 24h "En l'absence d'un vaccin, il est clair que l'on ne peut qu'être condamné à cohabiter avec le virus mais il va falloir, au préalable, acculer les partisans du déni de la maladie jusqu'à leur derniers retranchements afin qu'ils daignent, enfin, observer les gestes barrières et qu'ils soient parfaitement convaincus du bien-fondé de cette démarche", a-t-il insisté. Lui emboîtant le pas, le directeur de la santé et la population (DSP) de Aïn Defla, Dr Hadj Sadok Zoheir, tout en appelant à la poursuite de la campagne de sensibilisation sur les dangers encourus par le non-respect des mesures barrières, n'en a pas moins plaidé pour la nécessité de "frapper les esprits" par le biais d'"images chocs" mettant en exergue la souffrance du malade. "Il ne s'agit nullement de verser dans le catastrophisme, mais compte tenu de la recrudescence des contaminations au Covid-19 et de l'approche de la rentrée sociale, il nous paraît impératif de passer à la vitesse supérieure en vue de faire prendre conscience aux gens de la gravité de la situation et de la nécessité de leur pleine implication dans la lutte menée contre la pandémie", a-t-il souligné. Atteint du coronavirus au tout début de la pandémie (il en est guéri à présent), le DSP de Aïn Defla ne cesse, depuis lors, de mettre en garde contre tout relâchement dans le respect des mesures barrières instaurées dans le souci d'endiguer la pandémie. "Là où le bât blesse, c'est que même de vieilles personnes ne semblent pas se soucier outre mesure des proportions prises par l'épidémie, continuant à penser que ce sont toujours les autres qui en seront atteints", déplore-t-il. Réfutant par ailleurs l'affirmation selon laquelle le virus "ne cible que les personnes âgées et les profils à risques", il a noté qu'une plus grande prise de conscience de la population sur les dangers de la maladie permettra, à court terme, de diminuer de la pression à laquelle font face les hôpitaux dans la prise en charge des patients atteints de la covid-19. == La honte d'avoir été infecté par le coronavirus, un tabou destructeur == Reconnaissant avoir appris en l'espace de quelques mois (depuis l'avènement de la pandémie) bien plus de choses acquises des années durant, le directeur de l'Etablissement Public Hospitalier (EPH) de Aïn Defla, Bouabdellah Habbiche s'est, pour sa part, attardé sur les personnes infectées par le coronavirus, lesquelles nourrissent, souvent, un sentiment de gêne, "voire une honte" vis-à-vis de leur entourage. "La honte n'est jamais bonne conseillère, mais dans ce contexte de psychose, l'on pourrait comprendre que les gens atteints de la maladie soient contrariés par peur d'être stigmatisés, voire pestiférés, mais j'estime qu'il faut au contraire en parler et en informer ses proches ne serait-ce que pour les protéger", a-t-il soutenu, reconnaissant toutefois que cet état de fait exige une parfaite connaissance des "tenants et aboutissants " de la maladie. Fort de son expérience dans la gestion dans le domaine de la santé (il intégré le secteur en 1989), M. Habbiche estime qu'il y a lieu de combattre le sentiment de honte suscitée par la maladie, soutenant que le fait d'en informer les gens va, au contraire, susciter des réactions de solidarité.