Les tarifs des tests sérologiques de la Covid-19 appliqués par les laboratoires privés doivent être plafonnés "afin de les rendre accessibles à tous les citoyens", a estimé le Professeur en immunologie, Kamel Djenouhat, chef de service du Laboratoire central de l'Etablissement public hospitalier (EPH) de Rouïba. Les tarifs des tests sérologiques de détection du virus appliqués par les laboratoires du secteur privé "variant entre 1.500 et 4.000 DA sont très élevés par rapport au revenu moyen du simple citoyen, et au regard des prix oscillant entre 600 et 900 DA des réactifs utilisés et qui sont produits localement", a expliqué Pr Djenouhat à l'APS. Qualifiant d'"exorbitants les tarifs appliqués par des propriétaires de laboratoires, mus par le gain rapide en cette situation particulière", il a déploré l'absence, au niveau du ministère de la Santé, d'un service en charge du fonctionnement et de l'organisation des laboratoires d'analyses médicaux privés au lieu de la Direction de la pharmacie et des équipements médicaux. Cette dernière est essentiellement chargée de la gestion et de la régulation des médicaments et non pas des réactifs et tests destinés aux laboratoires, a-t-il ajouté. Pour le Pr. Djenouhat, l'absence d'un service au niveau de la Tutelle qui supervise l'organisation et la gestion des produits de laboratoires induit un fonctionnement "anarchique" de ce domaine. Par ailleurs, il a appelé le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à revoir la formation de biologie en vue d'introduire la spécialité biologie clinique qu'il a jugé "très importante pour la santé publique". Affirmant que les tests sérologiques sont des analyses d'orientation uniquement, dont les tarifs devraient être fixées par la tutelle, le président du Conseil national de l'Ordre des Médecins, Dr. Bekkat Berkani a appelé à autoriser les laboratoires privés à effectuer les tests PCR, actuellement réalisées uniquement par l'Institut Pasteur et les laboratoires des universités et des CHU. Une telle démarche permettra, une fois les tarifs plafonnés, de mettre fin à la spéculation et de réduire la pression de la demande sur l'Institut Pasteur et les laboratoires des universités et des CHU. De son côté, le président de l'Association nationale des laboratoires d'analyses médicales (ALMA), Dr. Abdelhalim Chachou a indiqué que les analyses destinés à déceler les anticorps du Coronavirus "ne sont pas effectuées uniquement par les laboratoires biologiques mais même par des pharmaciens et des médecins généralistes", il a lancé un appel au ministère de la Santé en vue de "recommandations strictes" pour définir qui est habilité à cette mission. Lire aussi: Covid-19: les laboratoires privés autorisés à effectuer les tests PCR S'agissant des tarifs d'analyses, il a estimé que leur régulation est difficile en l'absence d'une nomenclature, rappelant que celle en vigueur remonte à 1987 et n'a pas été actualisée depuis, d'où l'anarchie enregistrée dans les prix, notamment dans les grandes villes, a-t-il-ajouté. Par ailleurs, l'ancien président de l'ALMA, Dr. Ould Rouis a expliqué que les tests sérologiques rapides "doivent être effectués 15 à 20 jours après la contamination" car, a-t-il assuré, avant cette période, "le test est sans intérêt et faussement rassurant". Pour ce qui est des tarifs appliqués des tests rapides, il a estimé qu'ils "doivent être à la portée des citoyens" à la lumière de la concurrence du marché, qui s'auto régule systématiquement.Dans ce cadre, la Société Algérienne de Microbiologie Clinique et la Société Algérienne d'Infectiologie ont mis en avant l'impératif de recommandations de dépistage à l'adresse des laboratoires d'analyses médicales privés pour pallier l'anarchie caractérisant l'activité de certains. Par ailleurs, la Directrice générale de la Pharmacie et des équipements médicaux au ministère de la Santé, Pr. Wahiba Hadjoudj, a fait état de l'élaboration en cours d'une réglementation pour les laboratoires d'analyses médicales et de la préparation d'une nomenclature des prix en coopération avec la CNAS afin que le citoyen soit remboursé au prix réels.