Le sommet des Nations unies sur la biodiversité, convoqué par le président de l'Assemblée générale, se tient mercredi à New York, pour mettre en lumière la crise que la dégradation de la biodiversité fait peser sur l'humanité et l'urgence d'accélérer les actions en faveur du développement durable. En raison des mesures destinées à limiter la propagation de la Covid-19, la réunion se tiendra virtuellement avec la participation d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Selon l'organisation onusienne, les conclusions des perspectives mondiales de la biodiversité seront reprises lors de cette importante rencontre, par les chefs d'Etat, pour relancer les discussions sur l'ambition politique de la 15ème Conférence des parties à la Convention (COP15) sur la diversité biologique, prévue à Kunming en Chine du 17 au 30 Mai 2021. En prévision du Sommet, plusieurs dirigeants mondiaux se sont engagés lundi à prendre des mesures d'urgence au cours des dix prochaines années pour aider la nature et la biodiversité à se reconstituer d'ici 2030. Dans son 5eme rapport sur les perspectives mondiales de la biodiversité, publié le 15 septembre en cours, la Convention sur la diversité biologique (CDB), a fourni un aperçu faisant autorité de l'état de la nature dans le monde, alertant sur les liens entre la "perte sans précédent de biodiversité", et la propagation des maladies. Le rapport a souligné l'importance de la biodiversité dans la lutte contre le changement climatique et la sécurité alimentaire à long terme, et conclut qu'il est essentiel d'agir pour protéger la biodiversité afin de prévenir de futures pandémies. Ainsi, l'étude agit comme un signal d'alarme, et un encouragement à considérer les dangers impliqués dans la relation actuelle de l'humanité avec la nature : la perte continue de biodiversité, et la dégradation continue des écosystèmes, ont de profondes conséquences sur le bien-être et la survie de l'homme. Réagissant au rapport, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les transitions représentent une occasion sans précédent de "reconstruire en mieux", alors que le monde émerge des impacts immédiats de la pandémie de Covid-19. Pour le chef de l'ONU, une partie de ce nouveau programme doit consister à relever le double défi mondial du changement climatique et de la perte de biodiversité de manière plus coordonnée, a poursuivi le chef de l'ONU, en " comprenant à la fois que le changement climatique menace de saper tous les autres efforts de conservation de la biodiversité et que la nature elle-même offre certaines des solutions les plus efficaces pour éviter les pires impacts d'une planète en réchauffement", a-t-il relevé. De son côté, la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, Maruma Mrema, a indiqué que "de nouvelles opportunités se présentent pour la propagation aux humains et aux animaux de maladies dévastatrices comme le nouveau coronavirus de cette année. La fenêtre de temps disponible est courte, mais la pandémie a également démontré que des changements transformateurs sont possibles lorsqu'ils doivent être effectués". La biodiversité sous financée L'étude de cette année est considérée comme particulièrement importante, car elle sert de "bulletin final" pour les objectifs de biodiversité d'Aichi, une série de 20 objectifs fixés en 2010, au début de la décennie des Nations Unies sur la biodiversité, dont la plupart étaient censés être atteints à la fin de cette année. Cependant, aucun des objectifs - qui concernent la sauvegarde des écosystèmes et la promotion de la durabilité - n'a été entièrement atteint, et seuls six sont considérés comme "partiellement atteints". Bien que l'absence de succès dans la réalisation des objectifs soit "préoccupante", les auteurs du rapport s'efforcent de souligner que pratiquement tous les pays prennent actuellement des mesures pour protéger la biodiversité, sans lesquelles l'état de la biodiversité mondiale serait bien pire. En revanche, certains points positifs ont été évoqués par le document onusien. Il s'agit entre autres, de la baisse des taux de déforestation, l'éradication des espèces exotiques envahissantes dans un plus grand nombre d'îles et la sensibilisation à la biodiversité et à son importance en général. Mais, les fonds mobilisés pour des actions liées à la biodiversité, -estimés entre 78 et 91 milliards de dollars par an-, sont "bien en dessous" des centaines de milliards nécessaires, alors que des sommes importantes sont consacrées aux activités qui nuisent à la biodiversité, dont quelque 500 milliards de dollars pour les combustibles fossiles, et par d'autres subventions qui provoquent la dégradation de l'environnement. Une nouvelle série d'objectifs, pour la période comprise entre 2021 et 2030, qui est actuellement en cours de négociation, devrait être examinée lors de la COP15 en Chine. Le rapport de l'ONU, recommande des "transitions" vers une planète "plus saine", dans laquelle les écosystèmes seraient restaurés et conservés, les systèmes alimentaires repensés pour améliorer la productivité tout en minimisant leurs effets négatifs, et les océans gérés de manière durable. Outre la conception des villes avec des appels à la réduction de l'empreinte environnementale dans les zones urbaines, le document appelle aussi, à la mise en place d'"infrastructures vertes". Il plaide également pour une transition vers une "santé unique", dans laquelle l'agriculture, l'environnement urbain et la faune sauvage sont gérés de manière à promouvoir des écosystèmes sains et des populations en bonne santé. Le rapport sur les perspectives mondiales de la biodiversité, amplifie le soutien des Nations Unies aux solutions basées sur la nature, saluées comme l'un des moyens les plus efficaces de lutter contre le changement climatique. Ces solutions peuvent apporter des avantages positifs pour la biodiversité et d'autres objectifs de durabilité, ont estimé les auteurs.