Un collectif d'association et de personnalités issues de l'Argentine et d'autres pays latino-américains ont lancé un appel urgent pour la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik, et l'élargissement du mandat de la Minurso pour y inclure une composante droits de l'Homme. "Au moment où le Conseil de sécurité devrait adopter une résolution sur le renouvellement du mandat de la MINURSO, et dix ans après les événements du camp de Gdeim Izik, nous appelons à l'intervention de la communauté internationale pour la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis", ont écrit dans une lettre adressée aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU, à la Haute Commissaire aux Droits de l'Homme, Michelle Bachelet et au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, quarante-six (46) entités et personnalités originaires de sept (07) pays latino-américains. Cette missive intervient à la veille du vote de la résolution portant renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), prévue initialement mercredi et reporté à vendredi. Elle intervient également dans un contexte marqué notamment par l'organisation de plusieurs sit-in et manifestations dans les territoires libérés du Sahara occidental, la plus importante étant celle relative au blocage, depuis quelques jours, de brèche illégale d'El-Guerguerat. La lettre revient sur l'organisation en 2010 d'un camp de protestation pacifique au Sahara occidental, celui de Gdeim Izik, lequel fut brutalement démantelé par les forces d'occupation marocaines. Lire aussi: Plusieurs associations européennes appellent l'ONU à fermer la brèche illégale à El-Guerguerat Les auteurs de la lettre, dont le prix Nobel de la paix, Adolfo Pérez Esquivel et José Schulman de la Ligue argentine des droits de l'Homme, ont rappelé que le groupe de dix neuf (19) civils sahraouis, arrêtés suite au démantèlement du camp, demeurent en détention, suite à des procès militaire, puis civil, dont le déroulement n'a pas respecté les principes élémentaires d'un procès équitable, en dépit des divers communications et décision des organes onusiens des droits de l'Homme. "Nous, les cosignataires, adressons cette lettre aux membres du Conseil de sécurité, compte tenu du fait que dix ans après l'agression dont à fait l'objet le camp de protestation pacifique de Gdeim Izik, le Maroc n'a pris en considération aucune décision, avis ou mesure provisoire préconisés par les mécanismes des droits de l'Homme des Nations unies, concernant le Groupe Gdeim Izik", a dénoncé le collectif. Les représentants de la société civile latino-américaine ont déploré le fait que la Minurso ne soit pas doté d'une composante "droits de l'Homme" pour pouvoir protéger le civils sahraouis, ainsi que son incapacité à mettre en œuvre son mandat original, à savoir l'organisation d'un référendum libre et démocratique permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. "La MINURSO ne dispose malheureusement pas de composante droits de l'Homme dans son mandat. Elle est chargée de superviser l'accord de cessez-le-feu ce qu'elle n'a pas été en mesure d'accomplir", a-t-on souligné, appelant le Conseil de sécurité à élargir le mandat de la Mission pour y inclure une composante droits de l'Homme, afin de permettre une surveillance indépendante impartiale, complète et durable de la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental. "Le référendum, libre et équitable qui permet l'exercice du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, convenu lors de la mise en place de la MINURSO n'a pas été organisé non plus", ont conclu les signataires. Dans son nouveau rapport sur la situation au Sahara occidental, le secrétaire général, Antonio Guterres, a relevé que le manque d'accès du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH) à ce territoire occupé a "fortement entravé" la surveillance des droits humains dans la dernière colonie en Afrique. La situation des droits de l'Homme au Sahara occidental constitue une préoccupation majeure dans la région. La Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a déclaré récemment qu'elle avait " hâte de discuter" des paramètres d'une nouvelle mission technique au Sahara Occidental pour "identifier les problèmes critiques des droits de l'Homme" dans ce territoire non autonome. Elle a indiqué que son bureau poursuivait à distance la situation dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975, ajoutant que les dernières missions techniques avaient eu lieu il y a cinq ans. De son côté, le groupe de soutien de Genève qui compte plus de 240 ONG avait demandé en juillet dernier, dans une lettre ouverte au président du Conseil de sécurité de l'ONU, de reprendre la Mission technique initiée en 2015, et à inclure un chapitre sur les droits de l'Homme dans le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso).