L'ONU a "failli à ses obligations" envers le peuple sahraoui, a déclaré jeudi soir la militante sahraouie, Aminatou Haidar sur fond de tensions à El Guerguarat au sud-ouest du Sahara Occidental, où le Maroc a perpétré vendredi une agression militaire contre des manifestants pacifiques sahraouis. "29 ans après le cessez-le-feu (6 septembre 1991), l'ONU a failli à ses obligations envers le peuple sahraoui et surtout le Conseil de sécurité qui est sensé être le garant de la résolution des conflits", a soutenu la militante sahraouie, dans une intervention par visio-conférence, sur la chaîne "Canal Algérie". Evoquant le statut quo au Sahara Occidental, Aminatou Haidar, prix Nobel alternatif 2019, a déploré les complicités au sein du Conseil de sécurité et surtout de la France "qui sont à l'origine de l'obstination et le refus manifeste" du Maroc de se conformer au droit international. "La dernière résolution de l'ONU n'a pas laissé de l'espoir au peuple sahraoui pour continuer sa lutte pacifique", a-t-elle relevé, soulignant que le retour à la lutte armée pouvait devenir une option, pour le peuple sahraoui, du moment que l'ONU n'a laissé aucun choix aux Sahraouis et à leur représentant légitime, le Front Polisario. Aminatou Haidar a dénoncé également "la complicité de la Minurso" qui a fait preuve de "partialité" envers les Sahraouis qui revendiquent le respect des droits fondamentaux du peuple sahraoui à savoir le droit de l'autodétermination et mettre fin au pillage illégal des ressources naturelles du Sahara occidental". Elle a souligné que le Front Polisario et les militants sahraouis ont "toujours été sous la pression du peuple sahraoui surtout les jeunes, qui ne croient plus à la résistance pacifique. Il faut prendre en compte notre patience", faisant allusion au recours aux armes. Le Maroc "n'a jamais arrêté de violer systématiquement les droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental", a-t-elle ajouté. Lire aussi: Agression marocaine à El Guerguerat: Ghali saisit l'ONU en vue d'intervenir d'urgence "Toute personne qui ose revendiquer son droit, sera victime de représailles, d'intimidations ou la détention arbitraire", a-t-elle dénoncé, soulignant que "toutes les manifestations sahraouies pacifiques sont réprimées et nous sommes en permanence sous surveillance policière". Evoquant les "consulats", dont ceux de pays africains qui ont ouvert à Laâyoune occupée, la militante sahraouie a indiqué ne pas "les décrire comme représentations diplomatiques mais, plutôt, comme des boutiques de la propagande marocaine". "Aucun pays au monde ne reconnaît la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Le seul souverain du territoire sahraoui, c'est le Peuple Sahraoui. Pour nous ça va rien changer, c'est donc un gaspillage du budget de Rabat", a-t-elle affirmé. "Ces représentations diplomatiques ne pourront pas changer le statut juridique du Sahara Occidental au sein de la communauté internationale. Car c'est bien défini, c'est un territoire non autonome, c'est une occupation illégale. C'est une question de décolonisation qui se traite au niveau de la Quatrième commission de l'ONU", a-telle ajouté. Mme Haidar a également rappelé que la Cour de justice européenne (CJUE) "a été clair dans ses Arrêtés concernant les exploitations, dans les territoires occupés du Sahara occidental, par le Maroc et des entreprises européennes", soulignant que la CJUE a tranché en affirmant que toute exploitation dans ces territoires sahraouis est illégale. Aminatou Haidar, présidente de l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM) qui a vu le jour le 20 septembre dernier, a expliqué que le choix de ce nom pour cette organisation était pour "rappeler à la communauté internationale que le conflit au Sahara Occidental est une question d'occupation et que notre souffrance est dû à notre souffrance est dû à notre attachement au droit aliénable à l'autodétermination et à l'Independence. Aux premières heures de l'aube, le Maroc a mené une agression militaire dans la zone tampon d' El-Guerguerat en procédant à l'ouverture de trois nouvelles brèches illégales en violation de l'accord de cessez-le-feu signé en 1991 par les deux parties (Maroc et Front Polisario), sous l'égide de l'ONU.