Le processus de dialogue politique enclenché en Libye en 2020 à la faveur du cessez-le feu signé entre les belligérants demeure fragile en dépit de certaines prémices positives du règlement de la crise, dans la mesure où la mise en place d'un nouveau gouvernement d'union et le retrait des forces étrangères ainsi que la désignation d'un nouvel envoyé spécial de l'ONU se font toujours attendre. Pour ce qui est de la mise en place du nouveau gouvernement d'union nationale libyen, devant gérer la période de transition et préparer les prochaines élections prévues le 24 décembre 2021, force est de constater que les Nations Unies, à travers sa Mission en Libye (Manul), qui a organisé une série de sessions de dialogue entre Libyens, dans ses volets militaire, politique et économique , n'a pas réussi à convaincre les parties prenantes au Forum de dialogue politique de nommer un nouveau Conseil de présidence et un Premier ministre. Les délégués des parties en conflit ont boycotté la session finale des pourparlers qui devait avoir lieu à la mi-décembre en Libye. Le "leadership et la recherche des intérêts personnels" en est, selon des spécialistes du dossier libyen, la première raison. Stéphanie Williams, représentante personnelle par intérim du SG de l'ONU en Libye a, pourtant, mis en garde les deux camps, en les exhortant à faire prévaloir l'intérêt suprême du pays. S'agissant de l'engagement des belligérants dans l'accord de cessez-le-feu, stipulant le retrait des forces étrangères et des mercenaires présents en Libye, une des recommandations de la Conférence internationale sur la Libye tenue au début de l'année à Berlin sous les auspices des Nations unies et avec la participation de l'Algérie, le constat est plutôt négatif dans la mesure où les deux parties continuent à entretenir, selon les observateurs, des relations aves des puissances étrangères et à "négocier" des contrats de l'achat d'armes. Les agissements des deux camps dans ce sens ont poussé certaines capitales de l'Union européenne, à l'instar de Berlin, Rome et Paris à brandir la carte de sanctions. Lire aussi : ONU-Libye: appel à consolider les efforts en faveur des élections nationales Concernant la désignation d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, un poste vacant depuis la démission de Ghassan Salamé au début du mois de mars de l'année en cours, les efforts du SG de l'ONU Antonio Guteress, sont restés sans succès. Le dernier échec en date est sa tentative d'engager le coordonnateur spécial sortant de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov. Ce dernier a décidé, à la surprise générale, de démissionner de l'organe mondial, a annoncé, tout récemment le porte-parole de l'ONU. Selon des sources bien informées, M. Mladenov a refusé de prendre en charge le dossier en raison des l'absence d'une "bonne volonté" auprès des belligérants de mettre "réellement" un terme au conflit. Signé le 23 octobre dernier à Genève sous l'égide des Nations-Unies, conformément aux recommandations de la conférence internationale de Berlin sur la Libye tenue en janvier 2020, le cessez-le feu tant attendu à la fois par les Libyens et la communauté internationale pour mettre un terme à la crise libyenne qui dure depuis près de 10 ans, n'a pu finalement aboutir qu'à quelques maigres résultats, et ce, notamment dans le secteur économique. Entres autres résultats, l'extinction relative du bruit des armes, un retour relatif à la vie ordinaire marqué par la reprise des vols entre plusieurs villes libyennes, la réouverture des voies terrestre ainsi que la reprise de la production dans les champs pétroliers. L'Algérie fidèle à sa neutralité positive, une approche qui séduit Animée par sa doctrine en la matière consistant en la non-ingérence dans les affaires internes des pays, l'Algérie a réitéré en 2020 sa profonde conviction quant à l'efficacité de la voie politique dans la résolution de la crise en Libye. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait indiqué en juillet, en recevant à Alger Stéphanie Williams, que la "voie politique est l'unique voie pour stopper l'effusion de sang et maintenir la situation sous contrôle, afin que le peuple libyen puisse reconstruire son Etat dans le cadre de la légalité et de la légitimité populaire, de manière à garantir l'intégrité territoriale du pays, et sa souveraineté nationale, loin de toute ingérence militaire étrangère". Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a réaffirmé récemment que l'Algérie œuvre toujours pour une solution par des moyens politiques en Libye. "L'Algérie préconise depuis toujours une solution par des moyens politiques (...) la solution politique veut dire non recours aux armes, non recours aux mercenaires", a déclaré le ministre à la presse peu avant le début des travaux de la visioconférence ministérielle sur la Libye, relevant que l'Algérie est "l'un des rares pays qui n'envoient ni armes, ni soldats en Libye". Lire aussi : L'UA tente de maintenir le cessez-le-feu en Libye M.Boukadoum a dans le même sens indiqué que l'Algérie a mis de côté son initiative pour rester dans le cadre de la conférence de Berlin. L'approche algérienne a "séduit la majorités des Libyens qui la considèrent comme la principale référence pour le règlement de la crise notamment en ce qui concerne le dialogue politique inter-libyen sous l'égide de l'ONU et l'édification d'institutions légitimes et unifiées à la faveur d'élections régulières et transparentes", selon des experts libyens.