Les ministres de l'Energie, Abdelmadjid Attar et de la Transition Energétique et des énergies renouvelables, Chems-Eddine Chitour, ont co-présidé mardi à Alger une réunion consacrée au programme indicatif 2021-2030 des moyens de production de l'électricité, au cours de laquelle plusieurs décisions ont été prises en vue de consolider la sécurité énergétique. S'exprimant lors d'une conférence de presse à l'issue de cette réunion, M. Attar a indiqué qu'il a été convenu avec le ministre de la Transition Energétique d'intensifier les efforts et les initiatives en vue lancer des projets de production d'énergies à partir de l'année 2021, notamment la production de 1.000 MW d'énergie à base de ressources renouvelables (solaire) et de réduire la consommation des énergies fossiles (hydrocarbures) à raison de 10 % par an. Evoquant la nécessité et l'urgence d'aller vers la transition énergétique et l'exploitation des ressources renouvelables "dès maintenant", le ministre de l'Energie a fait observer que la poursuite du modèle actuel de consommation énergétique basé exclusivement sur les hydrocarbures, qualifié "d'anarchique", sera "insupportable" dans les années à venir. Selon le ministre, l'Etat accorde 15 milliards de dollars par an de subvention au secteur énergétique à tous les niveaux (subvention des prix d'électricité, gaz, carburants, dessalement d'eau de mer...). "Certes, la situation de notre sécurité énergétique n'est pas dangereuse, mais elle nécessite des actions urgentes de manière à préserver nos ressources disponibles aux générations futures à travers l'investissement dans les énergies renouvelables", a souligné M. Attar, annonçant la préparation d'une nouvelle loi cadre sur la transition énergétique. Se félicitant des efforts menés par les pouvoirs publics en matière d'électrification et de distribution de gaz naturel, qui ont permis selon lui, d'atteindre les taux de pénétration de 98 % pour l'électricité et 62 % pour le gaz, le ministre de l'Energie a assuré à cette occasion que les projets d'électrification et d'alimentation en gaz vont se poursuivre notamment dans le cadre du programme du président le la République pour les zones d'ombre. "Néanmoins, le retard accusé dans le domaine du renouvelable devra être rattrapé à travers le lancement de plusieurs projets de production d'énergie à base du solaire, des énergies nucléaire et géothermiques et éoliennes", a précisé M. Attar, soutenant que la mise en place d'un ministère dédié à la transition énergétique et aux énergies renouvelables constitue une "étape importante" et "un nouveau départ". Lire aussi : Energies renouvelables: un bilan "très honorable" pour la CEREF De son côté, M. Chitour a affirmé que son département a besoin de l'expertise et du savoir faire du ministère de l'Energie, insistant sur le fait que le programme de développement des énergies renouvelables et de transition énergétique concerne tous les départements ministériels et secteurs d'activités. Outre l'annonce de la mise en place d'une commission mixte entre les deux ministères chargée d'élaborer et de suivre le nouveau modèle de consommation énergétique, M. Chitour a fait état également d'une proposition débattue lors de cette réunion sur la nécessité de créer une nouvelle société placée sous la tutelle de son ministère en vue de concrétiser les objectifs des pouvoirs publics dans ce secteur. "Nous avons besoins d'une entité économique sur laquelle nous pourrions s'appuyer pour développer nos programmes et projets futurs. Il existe des capacités managériales et techniques notamment au sein du groupe Sonelgaz qui permettent d'envisager la création de cette entreprise", a relevé encore le ministre de la Transition Energétique et des énergies renouvelables, Chems-Eddine Chitour, estimant que le réalisation d'un programme de 30.000 MW à base d'énergies nouvelles est réalisable à l'horizon 2030. Faisant le bilan des actions entreprises par son département dans le domaine des énergies renouvelables et la transition énergétique, il a indiqué que 15 réunions ont été tenues avec les différents ministères ayant permis de désigner des personnes chargées de coordonner les activités prévues en matière de réduction et de maitrise de la facture énergétique. Il a également évoqué le lancement du projet de reconversion de 80.000 véhicules du parc roulant de l'Etat en GPL et de 200.000 voitures de particuliers en 2021. En outre, M. Chitour a annoncé la mise en place de nouvelles normes en matière d'importation des articles de l'électroménager, citant plus particulièrement l'exigence exclusive de la norme "A" (consommation économique d'électricité) sur tous les produits importés. D'autres normes seront aussi instaurées dans le cadre de nouveaux cahiers de charges dans le domaine de l'habitat et de la construction, a-t-il mentionné, soutenant que le pays a besoin d'un "programme volontariste" et "l'adhésion de tous les acteurs pour réussir cette phase". Selon les deux ministres, la rencontre a été une occasion par ailleurs d'aborder la nouvelle stratégie et politique énergétique, et d'établir un état des lieux réalisé sur les capacités de production d'énergie, les consommations, la nature des usages, et les besoins à long terme.